L'Ascension d'Horus - où sont plantées les graines de l'hérésie par 0eil

Autant l'univers de Warhammer 40.000 est vendu comme un agglomérat de mecs sévèrement burnés, beaux comme des dieux, chevillés à d'énormes armures invincibles, avec un petit fond de fanatisme, et lancés dans les étoiles pour y décomposer à grands renforts d'armes dévastatrices tout ce qui pourrait nuire à l'humanité, autant, sous cette épaisse couche de testostérone se cache un univers intelligent, plus fin qu'il n'y paraît, capable du meilleur comme du pire. Et justement, l'Ascension d'Horus, c'est ce meilleur.

L'Hérésie d'Horus, c'est l'évènement du background de Warhammer qui permet un pivot dramatique, une mise en abîme des raisons pour lesquelles l'humanité continue de lutter, l'origine de l'existence des guerriers du chaos et la source de nombreux maux pour l'Imperium, à commencer par la lente agonie de l'Empereur. Autant dire que nombreux sont ceux qui ont fantasmé cet évènement, l'ont imaginé, bâti dans leurs esprits avec toutes les louages et les vents épiques qui conviennent à l'ampleur de la chose. C'était donc d'autant plus risqué de se lancer dans une trilogie de livres qui suivraient Horus dans l'avant-hérésie et tenteraient de mettre un "parce que" sur l'un des plus grands "pourquoi" de Warhammer 40.000 : qu'est-ce qui a amené le premier des Primarques, le fils préféré de l'Empereur, à se retourner contre lui ?
Aux commandes de ce premier volume, Abnett, qui a donc la lourde de tache de devoir définir, décrire et présenter une galerie de personnages qui seront les yeux et les oreilles du lecteur sur les deux itérations suivantes. Mais surtout, Abnett doit débuter le portrait d'Horus. Horus. Celui qui a mené l'Hérésie et s'est soulevé contre l'Empereur-Dieu. Pour se faire, le personnage privilégié du roman sera Loken, Capitaine de la quatrième compagnie, guerrier averti, réfléchi et curieux, qui vient de se faire nommer dans le Mournival, le Conseil de quatre Capitaines à qui Horus prête l'oreille quand il a besoin. Loken qui s'interrogera sur le dogme impérial, avant même qu'il ne devienne un credo, qui essayera de comprendre la motivation de la Grande Croisade alors même que l'Empereur, encore en vie, n'est pas déifié. Et c'est là que l'on touche à la subtilité et au plaisir de la lecture.
En effet, l'équilibre entre les réflexions de Loken et le portrait d'Horus forment finalement le pivot dramatique de l'ouvrage. A mesure que le Capitaine considère les méthodes de la Croisade pour ramener dans la lumière de la raison les mondes humains, on commence à percevoir le doute étreindre Horus. Un Horus présenté comme un demi-dieu, puis ramené, à mesure que les pages se succèdent, à la dimension d'homme, puis même d'enfant, quand l'on finit par sentir en lui le tiraillement, les soucis identitaires issus de son enfance, le besoin d'agir sous le regard d'un père tout-puissant et finalement, l'absence de ce dernier, qui ébranle un être qui finalement, malgré ses pouvoirs, n'a jamais réussi à dépasser une adolescence où il se serait forgé comme un homme à son tour. Alors, si Horus vacille, sa légion se dissipe et Loken assiste, impuissant, aux prémices de l'Hérésie...

La force du roman est de parvenir à extirper ce qui aurait pu n'être qu'un vaste fanservice pour écrire un solide roman de science-fiction. Le talent d'Abnett réside en sa maîtrise de l'univers et de sa densité et sa capacité à se le réapproprier pour façonner ses personnages et les emporter dans une tragédie qui s'annonce toujours plus. C'est grand, puissant et dramatique.
0eil
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le 13 janv. 2011

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