Contemplation de la Méditerranée

Il y a des écrivains que l’on découvre sur le tard. Leurs noms ont beau se trouver de-ci de-là dans la bibliothèque familiale, vos proches ont beau vanter leurs qualités littéraires, vous passez outre. Et puis un beau jour, vous ouvrez une page dudit auteur et vous tombez sur le cul. C’est ce qui m’est arrivé il y a une petite année avec Albert Camus. Il y a Camus et ses grands romans que sont L’Etranger, La Peste ou encore La Chute. Il y a également Camus et ses pièces de théâtres avec Caligula. Et puis, il y a Camus l’essayiste. Bien souvent, l’auteur met son âme à nu lorsqu’il se lance dans cet exercice. En résulte une complicité, une compréhension tacite entre l’auteur et le lecteur. Partager de tels moments avec Camus, c'est émouvant.

L’Été est un recueil de huit essais écrits entre 1939 et 1953. L’auteur y dépeint les villes et paysages qui l’ont marqué ainsi que ses réflexions. On y retrouve la douceur hospitalière et chaleureuse de son Algérie natale avec Oran et Alger et l’admiration pour la beauté italienne de Pise et Florence. Le point commun entre ces différents lieux est l’été, qui semble éternel de par son soleil et sa chaleur, et que l'écrivain met en opposition à l’interminable hiver parisien.

Des descriptions lyriques des paysages découlent les réflexions de l’auteur. Se dégage du texte une sensation de fusion entre la nature et l’homme, renforcée par des passages où la nature se retrouve humanisée sous la plume de Camus. Cette intense relation apporte une grande intensité au texte.

La beauté du texte et le style exalté rendent la lecture de ce recueil d’une centaine de pages très agréable. Il est souvent associé à un autre recueil d’essais, Noces, écrit avant L’Été et qui aborde les mêmes thèmes et les mêmes lieux.

Si vous souhaitez attaquer septembre et l’automne de bon pied, je vous conseille vivement de faire un petit détour littéraire par les ruines de Tipasa et les autres lieux ensoleillés qui composent L’Été.