L'histoire est plutôt simple : elle se déroule dans un univers imaginaire, une terre où le vent souffle sans arrêt, et très fort. Depuis 800 ans, tous les 30 ans, une "horde" est créée, pour marcher sans s'arrêter en direction de "L'extrême Amont" afin de trouver l'origine du vent, pour peut-être l'arrêter, ou bien le comprendre, afin de pouvoir mieux vivre avec.


Quand j'ai reçu le livre, son épaisseur m'a fait flipper. 700 pages. J'y arriverai jamais. Les livres trop longs ont tendance à me perdre, moi ce que j'aime, c'est les nouvelles, les histoires concises. En plus j'pense qu'on est pas mal dans le même cas, mais avec l'omniprésence des écrans, des réseaux sociaux et des distractions en tous genres, lire m'est de plus en plus difficile, et quand je finis un roman c'est une vraie victoire.


Mais bon, j'ai quand même ouvert le livre, et j'ai lu la première page. J'ai rien capté. Des phrases longues et complexe, un vocabulaire très précis, des mots qui me semblaient inventé, une plétore de personnages, et moi, soufflé par tout ça. J'ai refermé le livre direct, et me suis dit que je n'avais pas les épaules pour me lancer dans un tel récit.


Des semaines ont passé, puis des mois, et il était là, à me narguer dans ma pile de livres à lire. Et un jour j'ai eu ma bastah Claire au téléphone, on a parlé de ce livre, et elle m'a dit que c'était peut-être LE livre qu'elle a le plus aimé de tout le temps. Holy shit. Les goûts de Claire, je les connais bien, ils sont plutôt proches des miens, et si ce livre l'a à ce point marqué, c'est que clairement, ça vaut le coup de s'accrocher.


Et puis j'ai vu qu'il en existait une adaptation en BD. Alors je me la suis procurée, et j'ai commencé par elle. Les BD, c'est quand même un peu plus facile d'accès, on peut se reposer sur les dessins pour mieux saisir l'action, on arrive à visualiser à chaque instant qui sont les personnages et ce qu'ils font, alors j'ai commencé à la lire pour me mettre le pied à l'étrier. J'ai adoré, et à la fin du tome 1 (le seul dispo pour l'instant), j'avais qu'une seule envie, c'était de connaître la suite de l'histoire.


Alors j'ai rouvert le livre, et je ne l'ai plus lâché. C'est comme si les deux premiers chapitres étaient là pour tester notre détermination, un peu à la manière des personnages. Au tout début ils sont confrontés à un vent ultra violent, le "furvent" et doivent s'accrocher pour ne pas être emportés par ses bourrasques. Bah le lecteur est un peu dans la même situation, ils doit faire face aux rafales de mots complexes, au tourbillon de personnages à retenir et à cette narration particulière, fluctuante, nous faisant passer d'un personnage à l'autre. Mais si on résiste, alors, on a fait le plus dur, et le reste du récit nous captivera jusqu'à la fin.


On suit l'aventure de 23 personnages, et au gré des paragraphes, on suit l'un ou l'autre. Et ça peut être très intimidant et complexe au début, mais rassurez-vous, en général on suit surtout 5 personnages principaux, les autres n'interviennent que très ponctuellement. Et pour vous aider, au début de chaque paragraphe, un symbole vous indique qui parle, et vous n'aurez qu'à vous référer au marque-page inclus dans le livre pour savoir qui parle, et quelle est sa fonction dans la horde.


Tout ça pour vous dire : accrochez-vous, ça vaut le coup. Ce livre est unique, chaque chapitre apporte son lot de surprises, il vous tiendra en haleine, vous vous prendre d'affection pour tel ou tel personnage, vous ferez vous aussi partie de la horde, vous lutterez comme eux pour arriver au bout de cette quête incensée.


Au début j'avais un peu peur que chaque chapitre soit "La horde contre le vent", mais finalement le récit est très varié, et je n'ai pas ressenti de redites ou de longueur, ce qui est un exploit vu la longueur du roman.


Au-delà du récit haletant, c'est un véritable récit philosophique qu'il vous est donné de lire, et qui vous amènera à réfléchir sur des notions telles que le courage, l'entraide, le besoin d'accomplir quelque chose de plus grand que soi, l'espoir...


J'ai beaucoup écrit mais en gros je pourrais juste dire : c'est trop bien. Vraiment. Dès que j'avais un moment de libre, j'essayais d'avancer, dès que je le reposais, je repensais à ce que j'avais lu.


Ce n'est pas un livre facile d'accès, je l'ai déjà dit. Parfois le style est un peu hermétique, parfois ce qui est décrit est tellement chelou que c'est dur de se visualiser ce qui est décrit, mais peu importe, ça ne m'a pas bloqué.


Donc mon conseil, c'est de tenter de le lire, si vous êtes bloqués, procurez-vous la BD, elle vous donnera le coup de pouce nécessaire pour prendre un bon départ. Et ce qui est chouette avec la BD, c'est que l'histoire qu'elle raconte prend pas mal de libertés par rapport au roman, donc lire les 2 ne fait pas redite !


Et maintenant je comprends ce que voulait dire Damasio dans Bora Vocal : "La seule chose qui ait de la valeur, c'est... c'est quand t'es capable de faire un chapitre comme celui-là, quoi. Ça, ça restera, ça mérite que tu vives, quoi. "


Clairement.


Bonne lecture à ceux à qui j'aurais donné envie de franchir le cap :)

Taff
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le 29 juin 2018

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Monsieur LeProf

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