Alors que le cyberpunk se converti en une caricature de lui même, Bruce avance, en continuant à explorer les relations entre innovations technologique et société, mais dans un tout autre sens. Un classique absolu de la SF "futur proche", et du vrai cyberpunk d'aujourd'hui. Injustement et inexplicablement passé inaperçu en France à sa sortie, le roman est du même calibre que La machine a différence qui lançait, lui le filon du "steampunk"...
Pour faire court, Le feu sacré se passe dans une fin de XXIe siecle ou une pandémie, vers les années 30s, a poussé les technologies (et l'économie) à se focaliser sur les industries biomédicales. Oubliez donc les yeux Zeiss Ikon, les réseaux et les machins chromés et tout le folklore futuriste. Ce futur la cache bien son jeu, d'autant plus qu'on le découvre au ras du sol, dans la peau d'une Américaine - Mia - proche de la centaine, qui se rend à l'Euthanasie de son Ex-mari...ce qui, vu la longévité de ces gens la, remonte a une autre vie. Apres ça, Mia est un peu déboussolée et décide de passer enfin sous traitement rajeunissement (au plus on attend, au plus les technologies avancent....) et dans la foulée part vivre une nouvelle vie au coeur de l'Europe, en bohème, avec une bande de jeunes gens...vivre la boheme, pour le coup.
Débute alors une plongée hallucinante de réaliste dans ce XXIe siecle a la fois proche et méconnaissable.
Apparemment un monde paisible, sans violence, ou la nourriture est gratuitement accessible, et ou l'espérance de vie dépasse la centaine d'année, et semble se poursuivre indéfiniment...mais en même temps, le pouvoir s'est déplacé. Désormais, la valeur cardinale est l'espérance de vie. Au plus vous vivez vieux, au plus vos investissements se fructifient, votre capital s'accumule. Et pour cela, ils fait bannir tout ce qui est gras, salé, sucré, dangereux, risqué. Un monde ou la prudence et la patience des vieilles femmes, qui sont d'ailleurs les plus représentées, domine. Et écrase les nouvelle générations, qui voient, avec la perspective de la quasi immortalité de leurs aînés, le fossé se creuser et les exclure pour une éternité.
Tout cela n'est presque jamais dit explicitement. On le découvre a travers les galeries de personnages et les errance de Mia d'un bout à l'autre de l'Europe, en béotienne US, à la recherche d'une seconde jeunesse, pas seulement biologique.
Si en son temps le Cyberpunk "classique" avait anticipé les réseaux, la mondialisation et l'impact des technologies sur l 'économie société, nous y sommes désormais en plein. Ce roman montre comment le Cyberpunk peut se renouveler en se projetant de nouveau dans le futur, et abordant un thème, celui des inégalités inter-générationnelles aussi central aujourd'hui que peu traité.
Une oeuvre culte pour de nombreux auteurs de SF, à juste titre.