Quelque part aux Etats-Unis et à une époque indéterminée, Cécile Coulon raconte un drame familial avec une force étonnante. Son histoire n’est pas d’une folle originalité, mais elle capte l’attention du lecteur par un style unique qui devrait en séduire plus d’un.

Le premier (4 pages) des 22 chapitres (pour 2 parties) nous présente Thomas Hogan qui se fait embarquer sans ménagement par des policiers. Plusieurs phrases isolées sont mises en évidence pour faire sentir qu’il vient de se passer quelque chose de pas ordinaire observé par tout le monde dans la petite ville en question. Thomas est connu de tous, mais personne ne comprend ce qui a bien pu lui passer par la tête.

Le lecteur va comprendre petit à petit le lent enchainement de faits menant Thomas au désespoir. Thomas est le fils de William, un homme au courage exemplaire qui s’est fait sa place à la force du poignet et par son abnégation de chaque instant. Un travailleur dans l’âme qui a épousé la belle Mary qui a vite compris qu’elle tenait en lui un homme sur qui on peut compter. Pourtant, pris par le travail et la vie de tous les jours, le couple n’a pas connu le vrai bonheur conjugal. Thomas a réalisé que sa mère n’était pas vraiment heureuse.

Thomas s’est montré un peu décevant pour son courageux de père. Renfermé, il n’a parlé que tardivement et s’est montré physiquement à l’opposé de son père. A l’école Thomas s’est fait un ami de Paul. Thomas lui faisait des devoirs, jusqu’au jour où Paul a obtenu une meilleur note que lui, car Thomas n’avait pas réussi, dans le temps imparti, à concocter 2 devoirs différents du même niveau. Début de prise de conscience des réalités de la vie.

En grandissant, Thomas va être confronté aux aléas de l’existence, drames, conflits d’intérêt, jalousies, trahisons, etc. Son apprentissage amoureux sera un véritable révélateur. Qu’ajouter sinon que, si ce roman se lit avec bonheur, il marque par son aspect plutôt désespéré et surtout par son style. Très jeune (née en 1990) Cécile Coulon publie ainsi son deuxième roman. Très prometteur, car elle se montre capable en 140 pages de livrer un ensemble dense, grâce à un remarquable goût du détail et des phrases qui s’enchainent avec une belle évidence. Son goût très personnel pour les métaphores saute aux yeux. Et elle nous fait sentir la dureté d’une vie de travail, la façon dont certaines relations se nouent ou se dénouent, ainsi que la façon dont chacun jauge les autres dans cette petite ville. Nul n’échappe à son destin. Les caractères se forgent et ne doivent rien au hasard. Petite illustration de sa manière de faire avec cet extrait qui évoque un camarade d’école qui ne fait pas d’autre apparition dans le roman :

« A l’école, le garçon était devenu une véritable légende ; les filles parlaient de lui comme d’une voiture qu’elles ne pourraient jamais conduire, et les autres adolescents crevaient de jalousie quand ils le voyaient passer devant la grille aux bras d’une demoiselle de cinq ans son aînée, jupe courte et chemise à fleurs. »

En exergue, Cécile Coulon a choisi une phrase de Steinbeck (Rue de la sardine). Ce roman m’a été offert à Noël par une de mes cousines. Bien vu cousine et merci !
Electron
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le 9 mars 2013

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