L'intinéraire d'un autodidacte de talents et d'un Homme de tristesses

Bonjour à tous,

Voici aujourd' hui, la critique des Confessions de Jean-Jacques. Que dire sur ce livre ? Dans ce livre l'imminent Jean Jacques Roussseau nous décrit sa vie de l'enfance à l'âge adulte avec toutes les péripéties en détails de sa jeunesse, de ses amours, des lieux qu'il fréquentait.
Cette autobiographie, assez longue, nous permet de tout savoir de ce fantastique philosophe et écrivain qui voulait "changer le monde". Cependant, plus on avance dans le livre et plus on se rend compte que pour lui, raconter sa vie n'est pas facile : il détaille bien son enfance mais l'âge adulte est moins bien exprimé

En classe de Première, il y a donc de cela 7 ans, nous avions eu un cycle consacré aux procédés autobiographiques. Je me rappelle avoir lu dans ce cadre Le livre de ma mère d’Albert Cohen, Sido de Colette et surtout, les livres I à VI des Confessions de Rousseau. Dès les premières pages de ces dernières, je m’étais dit que Rousseau était un auteur que j’allais apprécier, et qu’il me tardait de le relire sans impératifs scolaires, dans une période plus propice à l’appréciation sincère et personnelle d’une lecture choisie et non contrainte. C’est tout ce dont je me rappelais.... Ce qui est bien maigre, je vous l' accorde.....

Me voilà donc retombé il y a quelques jours sous le charme du style de Rousseau. Ses premières phrases, contant brièvement l’enjeu et le contenu de cette entreprise, m’ont déjà conquise. Il ne me faut pas plus que deux ou trois tournures malines, agréables, apportant au récit une fluidité rare, pour m’embarquer. Ainsi, je n’ai pas bien pu décrocher, et Rousseau y a été peut-être pour beaucoup dans la courté de mes dernières nuits. Je ne lui en tiens pas rigueur, parce qu’elles ont été délicieuses.

Mais ce qui m’a peut-être le plus séduit chez Rousseau, ce sont nos goûts communs, en particulier pour la nature, la montagne, la marche, la solitude et la lecture. Que de passages sur ces sujets m’ont plu ! Il en parle si bien, sous omettre de souligner la difficulté de décrire des sentiments, des contemplations qui ne peuvent que se vivre. À ce propos, il nous dit donc :

« Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans ceux [les voyages] que j’ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées (…) »

Ou encore :

« Faire route à pied par un beau temps, dans un beau pays, sans être pressé, et avoir pour terme de ma course un objet agréable : voilà de toutes les manières de vivre celle qui est la plus de mon goût. Au reste, on sait déjà ce que j’entends par un beau pays. Jamais pays de plaine, quelque beau qu’il fût, ne parut tel à mes yeux. Il me faut des torrents, des rochers, des sapins, des bois noirs, des montagnes, des chemins raboteux à monter et à descendre, des précipices à mes côtés qui me fassent bien peur. J’eus ce plaisir, et je le goûtai dans tout son charme en approchant de Chambéry. »

Et voilà que Rousseau relate ses dix années vécues aux Charmettes à Chambéry, lorsqu’il avait une vingtaine d’années. Ce lieu qui domine la ville a été réhabilité et se visite aujourd’hui en hommage à Rousseau. C’est là que le jeune homme a pris goût à l’étude, avec notamment les écrits de Port Royal. Il nous détaille ses journées, ses façons d’apprendre, de faire des liens, de méditer. Il m’a ainsi donné envie de lire Plutarque ou Virgile, dont il se forçait à apprendre quelques vers par cœur pour travailler sa mémoire, entre deux travaux de jardin. On se l’imagine si bien ! Et plus tard, le lieu changera plus que la routine :

« Je destinai, comme j’avais toujours fait, mes matinées à la copie, et mes après-dîners à la promenade, muni de mon petit livret blanc et de mon crayon : car n’ayant jamais pu écrire et penser à mon aise que sub dio, je n’étais pas tenté de changer de méthode, et je comptais bien que la forêt de Montmorency, qui était presque à ma porte, serait désormais mon cabinet de travail. »

On se retrouve dans Rousseau, quand bien même on n’aurait pas de goûts similaires, lorsqu’il évoque par exemple que « Ce n’est pas ce qui est criminel qui coûte le plus à dire, c’est ce qui est ridicule et honteux ». Même si Les confessions ne sont qu’un simple témoignage d’un homme qui a vécu au XVIIIème siècle, dans le résultat comme dans les intentions de leur auteur, il y a certains passages que l’on aimerait ériger en vérité.
Rousseau dénonce à de nombreuses reprises, et de plus en plus fréquemment au fur et à mesure de l’avancée de l’ouvrage, les conflits d’intérêts qui dominent le monde de la bourgeoisie et des hommes de lettre ; aujourd’hui, les médias, la politique, toujours autant sinon plus de champs... Il se décrit comme quelqu’un ayant toujours cherché à rester indépendant, désintéressé, non corrompu, malgré toutes les tentations. Il regrette aussi la nécessité de devoir se montrer en société pour espérer une reconnaissance non de l’homme en tant qu’individu, qu’il ne semblait pas rechercher, mais de l’œuvre. Rousseau s’obstine justement à toujours distinguer les actions de l’homme, de son ouvrage ou de ses pensées, contrairement à ceux qui, depuis le XVIIIème, et encore aujourd’hui, lui reprochent de dire et penser des choses qu’il n’a pas appliqué dans sa vie ; de confondre ce que l’homme a été, ou plutôt ce qu’on croit savoir de ce que l’homme a été, de ce qu’il pensait, ou démontrait. Un exemple, le plus redondant peut-être, entendu encore il y a 3 jours de cela à peine : « Comment Rousseau a pu oser écrire un livre sur l’éducation des enfants alors qu’il a abandonné les siens ? ». Pathétique..... Pauvres cons.... Renseignez-vous un peu....

Je comprends, cependant, tout à fait que l’on puisse ne pas apprécier Les confessions, comme n’importe quel autre livre. On l’aura compris, je suis loin d’être dans ce cas. Je me suis sentie si proche de Rousseau pendant cette lecture qu’en en racontant un passage, j’ai même déclaré spontanément « Rousseau m’a dit que…. » ! Il est alors clair que le titre est bien choisi !

Les Confessions montrent bien un personnage psychologiquement fragile, ayant sans doute fait les frais dans sa jeunesse de quelques pédophiles, jouant lui-même parfois les exhibitionnistes. La névrose chrétienne le hante et le paralyse devant le sexe opposé. Il ne manque pas de prétention en se présentant comme étant le seul homme digne de faire référence.

Par ailleurs, c'est un immense génie, un homme ayant une extraordinaire force de pensée, force sans doute décuplée par son besoin de compensation, un visionnaire qui nous lègue une oeuvre colossale, un humaniste de premier plan, bref une Lumière.... Une vraie !!!

En résumé, Ici, Rousseau nous livres un regard rétrospectif sur sa vie.
De sa jeunesse à sa fin de vie tumultueuse, on suit l'itinéraire du philosophe, faussement classé parmi les Lumières et que ces querelles, allant jusqu'à la volonté de Voltaire de le tuer, racontée à la fin de son récit, nous le montre.

Tout d'abord ces confessions sont passionnantes par son style agréable et sa profondeur, sachant qu'elles sont écrites par un philosophe et un érudit du 18è. siècle. Les questions liées à l'écriture et sur la volonté d'immoralité par ce procédé ou encore la création sont, par exemple, posées de manière très intéressantes.

De plus, sa vie est un magnifique témoignage d'un acteur important du 18ème siècle, mais ayant une singularité qui le démarque de ses collègues philosophes contemporains, ceux qui l'a d'ailleurs rendu malheureux....
Son désintéressement de la vie mondaine et sa critique de celle-ci ou l'anglophobie relative qui le caractérise sont des exemples qui l'oppose à ceux-là.... Car il faut comprendre le contexte social de cette époque. Cette peur est tout à fait justifiée et légitime.

Ces confessions montrent également le caractère singulier du philosophe et sa grande sensibilité. Sa vision du monde et sa propension a s'enivrer de ces rêveries, sans la virilité d'esprit d'incarner la compréhension qu'il à du monde et des vertus nécessaires, lui font entrer parfaitement dans ce que Baudelaire a exprimé dans ses "paradis artificiel".

En conclusion je conseille ces confessions, que ce soit par simple plaisir littéraire ou pour mieux connaitre ce philosophe fondamental.
Cette lecture vous rendra très certainement ce personnage très attachant..... Même s' il faut le rappeler quand même. Cette autobiographie est un écrit de combat, mêlant profonde sincérité et mauvaise foi. Mais sachant le contexte de l' époque, où on le calomniait de partout ( Voltaire le premier, Diderot, D' Alembert, Hobbes, Hume de l' angleterre..... ), on le persécutait, on l' isolait..... Jean-Jacques a été victime d' une véritable chasse à cour, il ne faut pas l' oublier.... Il a bien failli devenir paranoïaque pour de bon.....

Mais replaçons ce livre dans le contexte des années 1770, et peut-être serons nous plus indulgent envers Jean-Jacques qui demeure, selon moi, un génie intemporel et prégnant, d' une intelligence et humilité rare ( lisons ses essais des années 1750 pour preuve de ce que j' affirme.... ). Jean-Jacques ne peut être qu' apprécié, et aimé, par les gens de bonne foi et idéalistes..... Tcho. Lisez Jean-Jacques. Il le mérite. Et vous verrez.... Portez vous bien.
ClementLeroy
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le 11 févr. 2015

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San  Bardamu

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