Imparfait mais en même temps tellement parfait
J'ai découvert Malevil un peu par hasard. Etant plutôt très fan du genre post apocalyptique j'étais à la fois curieux de ce livre et à la fois étonné qu'un français s'y soit véritablement atelé. C'est que la littérature sur le sujet est très essentiellement américaine. En bref, comme pas mal ici j'ai vu très bon roman post apocalyptique français donc j'ai foncé. Et grand bien m'en a fait !
Je n'ai pas lu d'autres romans de Robert Merle mais la première chose qui saute aux yeux est son talent de conteur. C'est bien raconté et fluide. Et il sait de quoi il parle. Résultat la plupart de l'histoire tient debout et on est pas dans le sensationnalisme de bas étage.
J'ai eu un petit peu de mal à me mettre dans l'histoire au début et à m'habituer à cette façon d'écrire mais on retrouve rapidement un esprit des campagnes française bien réel. A noter que l'interview en fin de roman révèle des pensées de l'auteur qui confirme bien sa façon d'appréhender le genre. Cela permets également de découvrir que le château de Malévil existe ( bon c'est une ruine ). Un bon support sur le terrain permets d'assurer une cohérence sans faille à l'histoire de ce côté là.
Bref pour en revenir à l'histoire elle est à la fois fort simple et complexe.
L'humanité s'est bastonnée à coup de bombes ( les retombées sont discutées en postface par l'auteur mais personnellement je n'y crois pas, même une bombe H au lithium amènerait des retombées radioactives et surtout elle n'aurait pas une telle portée ). Fatalement il y a moins de monde sur Terre après ça.
L'apocalypse en elle même est bien comptée et brève. L'auteur a d'ailleurs raisons sur l'information après coup, il y a peu de chance que la population soit réellement au courant de ce qui s'est passé contrairement à ce que l'on voit dans beaucoup d’œuvres. Cette apocalypse donc, les protagonistes la vivent durement mais par chance ils survivent à l'abri.
Le reste est affaire de survie, d'extension de territoire, de lutte politique ou armée principalement.
Ce qui est intéressant ici c'est : le cadre ( la France ) et la façon de raconter le récit.
Car ce récit il est raconté de la bouche d'un paysan d'un petit village et on retrouve bien vite ces spécificités françaises qui rendent le récit plus crédible que d'autres se passant aux USA.
A côté il y a quand même quelques bémols. Le traitement réservé aux femmes par exemple est parfois un peu moyen. La discution entre Emmanuel et sa tribu lors de la découverte de Miette m'a mis mal à l'aise mais se solde finalement par une bonne décision. La part des femmes donc est un peu laissée en retrait. D'un autre côté ça représente bien la place de la femme à la campagne dans les années 70 ... Et encore ça n'a pas tant changé que ça.
Comme l'a dit quelqu'un d'autres, j'ai tiqué sur l'eau courante au château ... Pour l'auteur c'est quelque chose de normal mais pas d'électricité, pas de station d'épuration ni de pompage et donc pas d'eau.
Au final quelques menues imperfections mais le livre est tellement bien écrit et l'histoire tellement prenante que je ne me voyait pas lui mettre autre chose que 10. Et c'est bien rare pour un roman français.