Soyez sûrs de regretter amèrement de n'avoir pu participer à cette époque pleine d'opportunités que constitue la fin du XIXe siècle américain. On comprend que le ciel n'a pas de limites, alors même que Manhattan commence à peine à se recouvrir des milliers de buildings qu'il arbore fièrement aujourd'hui. Et tandis que l'architecture de ces premiers bâtiments à l'ambition babélienne posait les bases de celle des années 1930 (à voir, les avant/après de N.Y. par Douglas Levere), les ambitions de quelques avant-gardistes entrevoient là une possibilité de se concrétiser. L'une des plus grandes forces du roman est d'ailleurs la manière dont l'auteur, l'étonnant S. Millhauser, couche sur le papier de longues descriptions d'un New-York oublié qui semble prendre vie sous nos yeux.

Martin Dressler aspire à la réussite, mais il se passionne encore davantage pour l'idée de profiter pleinement du New-York vierge qui lui est offert sur un plateau. C'est à se demander si le personnage n'apprécie pas davantage le fait de rêver plutôt que de concrétiser ses ambitions. Car le jeune homme est avant tout un (trop) grand rêveur, et son entourage comprend bien vite qu'il n'en aura jamais assez. Dressler ne se satisfait pas du premier restaurant qu'il ouvre, il lui en faudra un second puis toute une chaîne. Il entreprend la rénovation de quelques bâtiments, et décide peu après de construire un premier hôtel puis un second. Son rêve n'a pas de fin, et prend des dimensions fantaisistes.

Qu'on se le dise, au final, c'est le parcours de Steven Millhauser qui étonne le plus : après des études à l'Université de Columbia et de Brown (ah oui, quand même...), La vie trop brève d'Edwin Mulhouse obtenait le prix Médicis 1975 alors qu'il s'agissait de sa première publication. Ses recueils de nouvelles seront tous encensés par la critique, puis l'auteur revient en force dans les années 1990 et obtient le prix Pulitzer 1997 avec Martin Dressler ou le roman d'un rêveur américain. Son style est frais et flirte souvent avec le merveilleux, ce qui ne fera de mal à personne au regard des derniers évènements (révolutions et guerres civiles au Moyen-orient). Et comme l'écrit si bien S. Millhauser : à trop vouloir en faire, nos sociétés, et les États-Unis ici en particulier, ne sombrent-elles pas dans le grotesque ?

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6
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le 30 mai 2011

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