J'ai regardé Amélie Nothomb pendant des années comme un animal curieux dont la sortie des livres d'une régularité métronomique ne m'attirait pas spécialement. Puis à l'instigation d'une nouvelle politique de lecture consistant à lire plus d'auteurs femmes, Amélie Nothomb tombait au bon endroit au bon moment. C'est donc avec un enthousiasme nouveau que je me précipitai pour acheter dès la sortie ce Premier sang.
Et que découvris-je ? D'abord peu de pages et des lettres en gros caractères. Oserais-je dire que le flacon était adapté aux retardés. Peut-être mais peu importe car l'ivresse fut au rendez-vous.
Je me suis passionné pour l'enfance, l'adolescence et la vie de jeune adulte de ce père avec lequel Amélie Nothomb ne fait qu'un dans la narration. Le style est limpide, direct et sans embarras, fait corps avec un sujet qu'il lui est adapté, quelques échantillons biographiques dont les caractères uniques renvoient à l'universel.
Au cœur du livre, en ligne directrice, sa phobie de la vue du sang qui entraîne jusqu'au malaise, dessinant une particularité originale et handicapante qui s'inscrit comme la signature d'un être au- delà du sensible
Raconter l'histoire de son père à la première personne dénote la volonté chez Nothomb de témoigner d'une fusion, d'une connaissance si parfaite et intime de l'autre qu'on peut en narrer les aventures comme si on les avait vécues soi-même, du grand trait au détail.
Pour conclure, j'entre sur la pointe des pieds dans le cercle des lecteurs de Nothomb dont je ne sais si elle les affuble d'un petit nom de reconnaissance comme le font certaines stars de la pop ou youtubeurs pour désigner leur communauté.
C'est franchement un très bon livre, tout en simplicité sur l’arrangement des phrases et l'emploi des mots, mais tout en complexité sur la structure des thèmes et la matière biographique.
Je suis accroché et je vais m'efforcer de mettre en action les deux flèches temporelles de son œuvre en découvrant les livres déjà publiés et ceux à venir.
Samuel d'Halescourt