Régime sec , ou Short Dog: Cab Driver Stories from the L. A. Streets en anglais , est un recueil de nouvelles autobiographiques écrites par Daniel Fante , plus connu sous le nom de Dan Fante. Fante , Fante...Sacré nom de famille , et pour cause il est celui d'un auteur majeur d'un mouvement que je juge avec tout mon égocentrisme de lecteur primordial pour la littérature Américaine , à savoir le réalisme sale. John Fante en avait été le précurseur des les années 30 ; il est logique que son propre fils se soit inscrit de son vivant dans le sillage littéraire impulsé par son père. Arrivé dans le milieu relativement tard - 45 ans tout de même - après passé par plusieurs étapes dont celles , sans doute , d'une certaine négation paternel - lire Mon Chien Stupide du père Fante m'a tout de suite mis la puce à l'oreille que ces deux là devaient couper leurs relations à l'eau - , Dan doit énormément à la France qui sera la première nation à posséder une maison d'édition assez courageuse pour le publier. Décédé en 2015 , l'auteur jouit aujourd'hui d'une renommée aussi importante que celle de son père à son propre mort. Figure paternelle à qui il dédie d'ailleurs ce livre ( A mon père John Fante. Merci , fils de pute sublime)
En huit saynètes tour à tour , et par moment tout à la fois humoristiques , captivantes et poignantes , le lecteur est emmené à suivre les péripéties de Bruno Dante - qui est à Dan Fante ce que Svevo Bandini était son père , à savoir un alter ego. Celui ci lui narre à la première personne quelques uns de ses souvenirs les plus marquants lors d'une période assez trouble de son existence. Lorsqu'il était réduit à faire chauffeur de taxi afin de financer ses gueules de bois et son subit désir d'écrire , et qu'il charriait de droites à gauches les êtres les plus improbables à n'avoir jamais marché sous le soleil de L.A.
J'ai envie de dire que les chiens ne font pas des chats , mais ça vous l'avez sans doute déjà compris en glanant des informations sur les Fante , ou en lisant seulement les 4em de couvertures de leurs bouquins respectifs. Dan Fante écrit comme son père , et possède en plus une haine profonde de lui même qu'aucune pudeur ne semble contrarier. Cette violence , parce qu'elle a été vécue , rend tout plus percutant . Et c'est ça qui fait de Régime Sec - comme n'importe quelle oeuvre hardcore dans ce genre , brut de décoffrage - une pièce importante de la littérature de notre siècle. Aujourd'hui , les œuvres dites subversives n'atteignent pas le niveau d'un tel travail : entre les effusions de sang que n'importe quel thriller à la con sortant depuis le début de la décennie pourrait être emmené à décrire , et l'image d'un chauffeur de taxi sous tension se branlant sur un parking alors que brûle la canicule , il y a pas à dire, la seconde option est plus efficace. Ça marche , et il faudrait comprendre pourquoi ça marche. Pourquoi ? Parce que c'est du vécu , et qu'il n'y a aucune gloire à enrober les bords d'un tel acte de quelques mensonges littéraires , quelques adoucissements hygiéniques ridicules. Voilà pourquoi ça marche. Voilà pourquoi c'est génial.
Le réalisme sale est assurément un genre enivrant. Toutes ces histoires sont si misérables , si cocasses qu'elles feraient passer les démons de Travis Bickle pour de simples idées fixes sourdant tout juste hors de la salubrité mentale. En somme , pas grand chose d'autre à raconter sur Régime sec si ce n'est qu'il remplit un cahier des charges tout a fait convenable vis à vis de ce qu'on attend d'un discours sur ce que c'est d'être piégé dans la crasse sans pouvoir s'en dégager , et qu'il permet de classer ce livre au rang des grands récits rendant un hommage quasi romantique à la galère.
Je noterais néanmoins , en sus , la triste absence de cette aura poisseuse que je qualifierais de "nostalgie du rital" et qui vibrait entre les pages de Mon Chien Stupide , seul autre oeuvre d'un Fante en dehors de Régime Sec que j'ai lu jusqu'à aujourd'hui.Je vais faire en sorte de plonger le plus souvent possible dans le cerveau et les mémoires de ces deux fous paisibles , malgré les grosses lacunes de rééditions que connaissent le père et le fils , afin de ne pas perdre cette flamme inspirante que seul les désabusés savent animer.

Le-debardeur-ivre
8

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Créée

le 14 mars 2018

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