Clara Dupont-Monod, j'avais adoré son diptyque sur Aliénor d'Aquitaine. Alors pourquoi pas se lancer sur sa dernière parution en date avant de peut-être rattraper tout ce qui est antérieur.
Ce roman, S'adapter, quelle angoisse ! De l'horreur qui fait écho à la réalité de la vie. Ce fantôme incarné, ce semi-vivant, est le pilier auprès duquel tout se positionne et se polissent les caractères, les personnalités. Trois enfants, trois destins qui s'abreuvent à la même source, modelés par le même tragique ; aimant, repoussoir ou vieux souvenir, l'être méditant malgré lui structure toutes les voies de la maisonnée.
Un pur roman noir sans coup de feu ni prostitué mais qui vous plonge dans une atmosphère glauque et mélancolique où il ne faut pas être soi-même sur un fil au risque d'exploser de larmes au moindre à-coup lexical.
C'est effectivement ainsi que j'ai appréhendé le style de Clara Dupont-Monod dans S'adapter, pourvoyeur du déroulé des images qu'il nous procure. Austère, sans joie véritable, presque sordide, nous laissant entrevoir ou comprendre que la vie n'a aucun espèce d'intérêt, que c'est une lutte sans fin et sans sourire. Un style qui relève du château abandonné, de l'étang pollué ou de la ruine antique. Il ne vous laisse aucun espace de félicité, de droit à l’enthousiasme.
Je conteste mollement mais je le conteste tout de même, ce magnifique et lumineux que l'on peut lire en conclusion de la quatrième de couverture.
Pour conclure, une œuvre terrible, angoissante et désespérée. Tellement crédible et réelle qu'elle produit de l'effrayant. La répulsion tout comme l'illusion de ne pas l'avoir vraiment lue m’étreignent d'un même élan. J'implore les dieux de la gaudriole de verser un peu de fantaisie au milieu de ces pages.
Samuel d'Halescourt