Danganronpa The Animation
6.1
Danganronpa The Animation

Anime (mangas) MBS (2013)

Le phénomène de l'adaptation n'a malheureusement pas eu que des succès, et le passage de jeu vidéo au grand ou petit écran est loin de faire figure d'exemple dans le domaine. Mais rarement l'une d'entre elles aura été aussi feignante, et bourrée de défauts. Car Danganronpa : The Animation semble réussir à cumuler absolument tous les défauts qu'il serait possible de faire en se tenant trop près de l’œuvre originale.


Il faut dire que ça ne partait malheureusement pas du bon pied, seulement 13 épisodes de 20 minutes pour une histoire de 25 à 30 heures ? Si le jeu a tendance à traîner par moments, inutile de préciser qu'on ne pourra bien sûr pas avoir autant de détails que dans l'original. Mais si seulement le défaut de cette série ne résidait que dans le manque de détails...


L'histoire commence donc avec Naegi Makoto, lycéen banal aux résultats moyens mais qui reçoit malgré tout une invitation pour une école de surdoués dont chaque étudiant dispose d'un talent particulier dans un domaine quelconque (scolaire ou non) ; celui de Makoto étant la (mal)chance de recevoir cette convocation. Alors qu'il s'apprête à passer le seuil de l'établissement, le voilà qu'il s'évanouit puis se réveille au milieu d'une salle de classe dont les fenêtres sont toutes bloquées par des plaques de métal. Encore sonné de son récent coma, il titube jusqu'à atteindre le hall d'entrée pour faire la connaissance de ses autres camarades, plus extravagants les uns que les autres, jusqu'à ce qu'un ours en peluche bichromate animée, Monokuma, se présente comme le principal de l'établissement. L'étonnement laisse vite place à la terreur une fois que Monokuma leur annonce qu'ils sont piégés ici perpétuellement, et que leur seule grâce est de tuer l'un de leurs camarades, suite à quoi un procès prend place où les élèves doivent trouver le coupable selon quoi ils sont tous exécutés tandis que le meurtrier peut enfin s'enfuir. Si le coupable est démasqué cependant, seul lui subit la condamnation à mort, tandis que le reste des élèves peuvent continuer à (sur)vivre dans le lycée. En parallèle s'établit une intrigue sur les raisons qui ont poussé cet établissement à devenir cette guillotine sadique.


Et rien que le premier opening est symptomatique de tous les défauts de la série : il se veut beaucoup trop fidèle à des éléments d'un jeu vidéo qui n'ont rien à faire dans une série animée. Mettre des éléments de l'interface au milieu d'un épisode ne fait pas office de clin d'oeil, c'est une tentative feignante de calquer l'ambiance originale du jeu mais qui ici brise toute forme d'immersion. Mais je reviendrai dessus plus tard.
Tout d'abord, il y a déjà beaucoup trop de personnages pour si peu d'épisodes, 14 personnages secondaires qui se côtoient durant les premiers épisodes (même si forcément, leur nombre diminue au cours du temps), il est aisé de tomber dans l'écueil d'essayer de mettre une place à l'écran pour tous les personnages. D:TA y plonge la tête la première. Les personnages essayent littéralement de sauter à l'écran, d'avoir au moins une réplique aussi inutile soit-elle dans chaque conversation, ce qui empêche toute conversation stable. Ensuite, le respect des dits personnages. Naegi n'était peut-être pas toujours une lumière dans le jeu, toujours est-il qu'il n'en est pas bête pour autant, il suffit de se référer à la scène de la première menace de Monokuma pour pousser les étudiants à se tuer les uns les autres pour avoir une idée de la différence entre la version anime et jeu vidéo. Car Naegi dans la série est un véritable boulet qui s'étonnera sur absolument tout et n'importe quoi et sera quasiment incapable de faire une déduction par lui-même. Et pour le reste, on restera sur le côté cliché des personnages que le jeu réussissait à nuancer avec les "Free Time" qui permettait de passer plus de temps auprès des différents personnages, en faisant juste des fonctions.


Second problème engendré par le nombre des épisodes réside dans les phases d'investigations qui suivent un meurtre avant le procès qui sont toutes sautés en trois plans à peine dans laquelle on vomit des "preuves" sans contexte ni informations les concernant au spectateur. Forcément, c'est incompréhensible, et fait tout juste office de bouche-trou.


Ensuite, les procès. Et c'est là que la "subtilité" de placer des bouts de l'interface du jeu est vraiment aberrante : des bouts de phrases qui apparaissent devant les personnages, une sorte de barillet en bas de l'écran, des balles représentant des preuves qui percent l'écran, c'est n'importe quoi. ça semblerait aussi simple que de ne pas afficher une barre de vie dans un film car cela vient d'un jeu vidéo à moins que ça ne participe à une certaine esthétique (comme Scott Pilgrim vs The World), sauf qu'ici cela vient d'absolument nulle part. à vouloir être trop fidèle, le tout devient incohérent.


Petit mot sur les exécutions, qui alternaient burlesque et malsain dans l'original. Ici, c'est pareil, sans le contraste entre les deux. La faute à Monokuma qui perd son côté sadique, drôle mais immonde pour tomber dans le n'importe quoi comic-relief, difficile alors de placer quelconque menace sur le méchant de la série. à noter d'ailleurs que les exécutions sont reprises des cinématiques du jeu, y compris le format d'écran (bonjour bandes noires horizontales qui viennent de nulle part).


Enfin, du côté technique, l'animation échoue à retranscrire les traits sombres des artworks des personnages pour tomber dans du plus classique. Tout en faisant tache face aux exécutions qui encore une fois sont un coper-coller du jeu. La bande-son aussi elle est directement issue du jeu, mais n'aide malheureusement pas à instaurer une ambiance à la série, malgré sa qualité. Pour l'anecdote, c'est cette série qui m'a fait me rendre compte de l'importance de la concordance entre la bande-son et le jeu, vu qu'elle semble ici sortie de nulle part quand elle collait parfaitement au jeu.


Bref, mauvaise série, mauvaise adaptation, et moyen simple de se gâcher le jeu sans raison.

Souv
3
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Créée

le 5 oct. 2014

Critique lue 2.2K fois

11 j'aime

Souv

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