Non décidément ça va être possible, N.C.I.S. New-Orleans sera le deuxième spin-off de N.C.I.S. Enquête Spéciales (après N.C.I.S. Los Angeles), cette série hérite des défauts de son aînée sans en avoir pris les qualités. On espérait mieux c’est évident, mais la piètre qualité de N.C.I.S. Los Angeles pouvait aussi faire craindre le pire. Finalement on n’assiste pas au « pire », même si le « mauvais » n’est jamais loin. Cette déception mérite donc d’être analysée comme un échec, ce qui ne peut se faire qu’en comparant la série originelle à son rejeton tout juste vieux de deux mois.

N.C.I.S. est aujourd’hui une franchise très lucrative, la série « mère » et ses rejetons sont d’absolus cartons d’audience partout où ils passent et Mark Harmon est devenu le second acteur de série le mieux payé des U.S.A. (après avoir été premier l’an passé). Ces cartons d’audience s’expliquent probablement par l’accessibilité des séries N.C.I.S. qui passe par des intrigues policières au format devenu très classique : un meurtre ouvre chaque épisode, l’enquête débute, passage par la morgue et le labo, quelques suspects défilent puis le vrai coupable déboule tel un deus ex machina. À ce titre, N.C.I.S. New-Orleans ne fait pas exception le format, classique jusqu’à la nausée, est en plus calqué jusqu’au plagiat sur N.C.I.S. Enquêtes Spéciales. Les ressorts narratifs sont absolument les mêmes, le téléspectateur n’est pas dérangé dans ses petites habitudes, l’échec de ce point de vue vient donc d’une absence totale de nouveauté avec ce spin-off.

Passé ce trop fort parfum de déjà-vu, on s’intéresse aux acteurs et là se situe peut-être le plus gros crash de N.C.I.S. New-Orleans. Après deux semaines de diffusion aux U.S.A., cette série se promène déjà avec deux grosses casseroles en la matière : les personnages et les acteurs qui les incarnent. Les personnages sont en effet beaucoup moins écrits et caractérisés que dans N.C.I.S. Enquêtes Spéciales. On y reconnaît bien sûr la médecin légiste, le geek, le beau gosse de service, etc… Mais tous ces personnages, en dehors de leur « spécialité », manquent cruellement d’une personnalité, d’une histoire personnelle, d’un vécu et on sent qu’il ne s’agit pas d’une priorité pour l’instant. Cet aspect est survolé avec l’apparition d’un enfant, d’une épouse mais ça s’arrête là et c’est très insuffisant.

Il n’y a guère que les personnages secondaires qui évitent le naufrage total, aidés par une écriture humoristique et des acteurs qui semblent s’amuser autour des trois principaux. En tête de gondole CCH Pounder, parfaite de flegme et de dérision dans son interprétation de médecin légiste un brin décalé. On lui a collé aux basques Rob Kerkovich, geek complètement allumé qui prend l’antenne locale du N.C.I.S. pour un terrain de jeu. Voilà donc deux bons rôles pour deux acteurs investis. D’un autre côté il y a les mauvais personnages incarnés par des acteurs en petite forme. On passe rapidement sur Zoe McLellan, qui s’en tire le mieux des trois personnages principaux, c’est elle qui y croit le plus. Scott Bakula par contre, dont le recrutement avait fait frémir les fans d’impatience, ne retrouve pas son niveau de Code Quantum ou Star Trek – Enterprise. Son rôle est trop souvent sérieux et semble provoquer l’ennui de l’acteur qui a du mal à entrer dans son rôle. Mais le bonnet d’âne ira sur la tête de Lucas Black, acteur probablement recruté pour son seul physique puisqu’en dehors de ça il n’a rien d’autre à proposer qu’un corps dont il ne semble pas savoir quoi faire, un jeu tellement faux qu’il finit une fois sur deux en grimace. Un mot le définit dans ce rôle : insupportable !

Mais alors pourquoi N.C.I.S. New-Orleans, qui passe en deuxième partie de soirée aux U.S.A. est un tel carton ?! Peut-être un petit peu grâce à un générique sur le légendaire Boom Boom de John Lee Hooker, qui correspond bien à l’atmosphère de la série qui restera au moins comme une belle vitrine touristique de la Nouvelle-Orléans. Puis il faut bien le reconnaitre, si la franchise N.C.I.S. fonctionne aussi bien c’est parce qu’elle est dans l’air du temps, parce qu’elle surfe souvent sur la peur née des attentats du 11 septembre 2001 et sur le sentiment généralisé d’insécurité qui en a découlé.

N.C.I.S. New-Orleans cartonne ? Tant mieux pour eux ! Scott Bakula parvient encore à trouver des rôles ? Tant mieux pour lui ! N.C.I.S. fonctionne sur un modèle obsolète, a pillé tout ce qui faisait N.I.C.S. Enquêtes Spéciales mais en moins bien, a recruté des acteurs « en dedans », a oublié d’écrire des personnages en plus d’écrire des scénarios ? Tant pis pour le téléspectateur ! Il y fort à parier que, d’ici deux ou trois saisons, si le carton d’audience continue, on nous servira un nouveau spin-off qui viendra remplir un peu plus les poches de Mark Harmon, producteur sur N.C.I.S. New-Orleans, peut-être deviendra-t-il également le producteur de télévision le mieux payé…
Jambalaya
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le 25 nov. 2014

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