The Future Diary
6.1
The Future Diary

Anime (mangas) CTC (JA) (2011)

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C’est parfois fascinant et riche d’instruction de voir à quel point la réception autour d’une œuvre peut être schizophrénique auprès du public. Ce ne sont pas les œuvres populaires actuelles qui diront le contraire, quand bien même n'importe qui un minimum censé ne leur jettera pas des cailloux pour autant comme n'importe quel troll pullulant.


Et dans un genre très différent et à plus petite échelle, Mirai Nikki peut aussi se placer là. Survival Game crétin mais fun et à ne pas prendre au sérieux pour les uns, jeu de la mort affligeant de nullité pour les autres, on peut le considérer comme un parent proche d’autres œuvres de fiction avec ce concept de jeu de la mort légèrement similaire comme le manga Darwin’s Game sorti par la suite ou Duds Hunt, touche ayant vu le jour chez nos voisins nippon après l’adaptation de Battle Royale de Kinji Fukasaku qui a eu l’effet d’un ouragan à sa sortie en tant que survival game.


Mais en mettant ça de côté et ce que je pourrais penser de ces mangas et du film, j’ai beaucoup de mal à imaginer qu’on puisse prendre Mirai Nikki au sérieux ou le regarder avec du second degré tant l’animé se flingue les orteils en continue au point d'en dissoudre toute satire intrigante.


Si sur le fond il a un point de démarrage prometteur avec le concept des journaux du futur sur téléphone portable et avec pour finalité au dernier survivant de devenir la divinité suprême du monde, il signe un aller simple au tombeau rien que par le choix de ses participants. C’est simple, hormis l’agent de police Keigo Kurusu qui garde une moralité acceptable et dans la limite ultime Minene Uryuu, tout les participants sont soit des cas sociaux qui mèneraient le monde à leur perte si on leur confiait le rôle de Dieu, soit creux comme un cratère suite au passage d’une météorite.


Le pire c’est que Mirai Nikki se sent pourtant obligé de justifier leur participation en passant par un schéma cyclique criarde qui rend aussi prévisible que vain leur lutte : un flashback présentant leur histoire de manière anodine sans impact, soit en tentant de nous faire apprécier des gens pour qui on n’a jamais eu la moindre empathie auparavant ni même un intérêt quelconque à défaut d’y être attaché.


Les défenseurs viendront surement me dire que ça n’est pas le but, qu’on est là avant tout pour s’amuser à voir quelle direction prend ce concept et quelle connerie accomplira tel ou tel participant. Sauf qu’il y a deux choses qui me font clairement me dire qu’on n’est pas dans un animé loin d’être second degré ou moqueur sur ce qu’il montre : Yukitaro Amano et Yuno Gasai, ou comme j’aime les appeler, la couille molle et la Yandere (l'archétype de la fille tellement affectueuse et possessive qu'elle en devient poisseuse et dérangeante pour ne pas dire psychopathe).


Le premier étant un insociable fini dont les réactions provoquent un mal de crâne monstrueux pour une personne normalement constitué (du genre : accepter comme alliée une psychopathe folle de toi qui te suit chaque jour en notant tes activités sur son téléphone


ou bien revenir vers ton paternel pour lui proposé une sortie alors qu’il t’a abandonné 2 FOIS… pas UN, DEUX ! Et a essayé de te zigouiller sans savoir à quoi servait ton téléphone… cherchez le problème)


et qui devient rapidement exaspérant à geindre continuellement pendant la moitié de la série. Autant c’est justifié pendant les débuts du survival game, autant à la longue c’est lourd et en faire un connard fuyant quand la situation ne l’exige pas, ça va pas aider.


Mais à côté de Yuno, c’est rien et elle est la définition de pourquoi cet animé ne peut pas être prise à la légèreté ou à la déconnade. A quel moment vous voulez prendre au second degré un récit global ou la love interest est une possessive extrémiste sortie d’un hôpital psychiatrique, à la fratrie brisée capable de commettre le pire juste pour vivre le grand amour avec un héros qui n’est rien de plus qu’une imitation pitoyable et inconsistante de Shinji d’Evangelion ? Et qui en plus cassera rapidement les noix (ou plutôt les tympans) à surnommer Amano avec ses Yuki par-ci, Yuki par-là (si si, et sa comédienne de doublage Murato Tomosa).


Point de vue graphique et visuel, ça passe à peu près pour un studio de petite trempe comme Asread. On reste loin des gros mastodontes au Japon comme Sunrise ou Madhouse, donc à quelques fautes de goûts pétaradant près (les explosions à la tour d’Osaka) et une 3D moche comme du vomi de chat (ça c’est moins excusable : on était en 2011, 9 ans après Ghost in the Shell Stand Alone Complexe et les incrustations en 3D étaient bien mieux faites avec l’animation 2D), ça reste relativement passable.


Mais là encore, en parlant de présentation on pourra encore se poser d’autres questions sur la cohérence de ce monde et l’absence de répercussions des actes de tous ces joyeux malades mentaux en mal de trône divin.


Parce qu’évidemment, c’est tellement logique de ne pas s’intéresser au point de vue des survivants et des familles en deuil après un attentat à la bombe au lycée faisant des centaines de morts, allons plutôt voir comment se passer la journée au parc d’attraction avec nos deux bouffons de héros ! Et bien sur, c’est tout à fait plausible qu’on ne voit pas la réaction des gens lorsque le monde s’apprête à disparaître dans des grosses sphères noires…


Est-ce que je parle du massacre qui a failli se dérouler au commissariat ou pas ? Ou bien de celui dans un grand espace commercial dans la deuxième moitié sans que les forces de l’ordre ne tentent d’arrêter Yuno pour avoir tiré ouvertement dans un lieu public ?


Non parce qu’au bout d’un moment, c’est pas possible d’accepter un tel manque de répercussion à des actes violents ou drastique dans un monde qui n’arrive déjà pas à être crédible en engageant des cas sociaux pour un jeu de la mort à l’enjeu crucial pour la sauvegarde du monde. Si les conséquences n’existent plus pour nos protagonistes il n’y a littéralement plus d’enjeu ou de fondation solide à cette compétition à celui ou celle qui sera le plus dérangé.


Et donc, on suit cette course au trône divin constamment en se questionnant sur le pourquoi du comment (pourquoi tout le monde ne vise qu’Amano Yukiteru alors qu’il y a plusieurs autres participants en lice ?), cumulant personnage raté sur personnage raté (du côté des psychopathes comme des rôles secondaires entourant Yuki et Yuno), des règles de bases simple mais qui finissent par être tordus n’importe comment


(le maire qui a aidé Deux Ex Machina à créer ce survival game… Deux Ex Machina c’est le Dieu en question, les potes de Yuki ayant chacun leur journal du futur)


et avec rarement un court moment de satisfaction ou de lucidité, voire même de rire avec du recul (parce que voir 5 Power Rangers en costume moulant participer à ce survival game, ça serait magique si les personnages étaient conscient du n’importe quoi de ce jeu de la mort).


D’ailleurs, je ne sais pas si ça vient exclusivement de la série animée ou du manga, mais si ça vient pas de la BD je suis sur que les mecs savaient qu’ils faisaient n’importe quoi. Alors en toute logique (tu le sens ma grosse ironie ?), pourquoi régler un animé de manière classique


quand on peut encore tout saboter en transformant ce survival game en voyage dimensionnel ? Parce que oui, les voyages dans le temps ça a déjà pas mal de chance de se rater mais c’est dépassé, alors suivons l’exemple de Rick et Morty avant l’heure en faisant de Yuno une fille d’un autre monde venu participer au jeu de la mort juste pour passer du temps avec Yukiteru. Et tout ça pour aboutir à un effacement de tous les événements tragiques qui n’avaient pas d’impact et pour une fin heureuse encore plus irréaliste que dans un film de Roland Emmerich.


Je ne saurais pas quoi dire de plus. Le survival game a apporté et peut encore apporter de bonne chose en terme de réflexion ou de jouissance selon comment on aborde le truc, mais Mirai Nikki ne relève même plus de la grosse fumisterie tant il est écrit comme une mauvaise fanfiction ou imitation d'un Battle Royale sans comprendre ce sur quoi il se base. Alors je ne sais pas ce que vous en penserez, moi ce que j'en dis : balançons ça aux chiottes !

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8
5

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