Figuration

D'une manière générale, il est certain que Vikings est une série un peu à part : esthétiquement, dans l'utilisation des thématiques, des références, des techniques cinématographiques.

L'opposition entre les deux religions (chrétienne et viking) est extrêmement bien utilisée, mise en scène et JAMAIS manichéenne. Je n'ai jamais eu l'impression qu'on se demandait si les dieux existaient vraiment (ce qui aurait été ma foi fort banal) mais plutôt comment ils se manifestaient pour ceux qui y croient. (Bien loin donc des discours actuels qu'on aurait pu retrouver transposés sous la forme d'une série...)
La manifestation des esprits, des visions, des images liées à la religion (Marie qui pleure lors du siège de Paris, les visions du voyant aveugle, les visions des personnages) semble être acceptée par la régie de la série qui ne tombe pourtant pas (à mon avis) dans le fantastique. La question pour ces peuples est plutôt : est-ce que toutes ces religions peuvent exister en même temps ? Quels dieux sont les plus forts ? Ce qui est déjà plus intéressant et qui nous plonge dans un univers unique par cette aura permanente qui se dégage des personnages.

Le personnage viking est extrêmement intéressant parce qu'il correspond à la fois aux préjugés qu'on pourrait avoir sur les eux particulièrement durant les batailles et en même temps, leur vie quotidienne permet de les observer de manière complètement différente : leurs rites, leurs coutumes et leurs croyances sont assez similaires aux chrétiens au fond. Et les deux peuples se battent pour la même chose : leur propre gloire et la gloire des Dieux.

La culture viking est bien mise en valeur et répond à l'attente du spectateur sans trop trahir la vérité. Le paysage est admirablement filmé grâce aux plans utilisés notamment celui de Paris.

Mais tout cela serait assez superficiel s'il n'y avait pas ces personnages clés, comme Ragnar qui est le plus intéressant par son originalité, sa distinction. A la fois le plus vénéré et respecté des vikings et il est en même temps celui qui ne sait à quoi croire. Sa relation avec Athelstan est très intéressante sociologiquement et philosophiquement et cette curiosité que Ragnar a pour la religion chrétienne lui donne un aspect encore plus intelligent et intéressant.
La figuration (oui, oui la figuration biblique) présente dans cette série appuie justement le caractère mystique de de l'histoire. ->

Les analogies sont très intéressantes dans la mesure où elles renvoient à des personnages historiques, je pense ici à Harbard qui me fait vraiment penser à Raspoutine par son aspect séducteur-médecin-assez peu soigné.

Après voir lu une critique qui mentionnait un défaut de rythme, je me permets de défendre ce choix. Les ellipses de la série sont essentielles à mon sens. Quel intérêt de présenter des années où il ne se passe rien ? Mais c'est aussi une technique permettant de créer du suspens, l'envie de de regarder.
Dans un livre, un narrateur non-omniscient ne saurait pas tout et donc ne nous dirait pas tout, de même dans la série, le spectateur ne sait pas tout ce qu'il se passe et la série laisse découvrir les événements non-vus et leurs causes et permet de garder l'intérêt de la série.

L'ensemble me fait dire que cette série est très bien menée, structurée dans une dynamique particulière, j'irai presque jusqu'à dire une dynamique s'apparentant à celle de la Bible, c'est à dire par figuration. Cependant, la série reste dans une rationalité explicite que le lecteur peut suivre facilement par l'utilisation de techniques narratives.