Souvent injustement oubliée face à la série d'animation 3D, la série Clone Wars originale est un bijou signé par le créateur du Laboratoire de Dexter et Samurai Jack, le génial (et je pèse mes mots) Genndy Tartakovsky.

L'homme est pleinement conscient de la valeur de l'incipit et du contrat qu'il doit passer avec le spectateur dès la première séquence. Maître Yoda, cape au vent, chevauche un Tauntaun dans une posture aussi improbable qu'épique, et pointe son sabre laser en avant, donnant le signal d'assaut à un million de clones face à un million de droïds de combat. Le ton est donné d'emblée, et les choses sont claires dès le départ : nous ne sommes pas face à un film, avec tout ce que cela implique de crédibilité et de suspension consentie de l'incrédulité, mais face à une représentation héroïque et grandiloquente du plus grand conflit de l'histoire galactique. Tartakovsky va déchainer les enfers, sans aucune retenue et avec toute la puissance et la fougue qu'il pourra y appliquer. Ses personnages ciselés se déplacent à la vitesse de l'éclair, font des bonds prodigieux, balayent littéralement des bataillons entiers d'un revers de la main et semblent purement et simplement invincibles. Son Clone Wars est une immense symphonie à la gloire de semi-dieux (les maîtres de la Force) affrontant leur destinée dans la multitude des mortels (clones, droïds et civils). Un mélange du grand Ragnarok de la mythologie scandinave et du Roman des Trois Royaumes chinois, avec des sabres lasers. Il faut que le spectateur soit prêt à accepter ce parti-pris et cette vision grandiloquente pour pleinement apprécier ce qui va se dérouler sous ses yeux. Faute de quoi, il n'y verra qu'un grand n'importe quoi de mauvais goût et y perdra grandement en plaisir.

Et une fois ce contrat passé et signé, quel bonheur ! Des joutes chevaleresques où les speeders remplacent les chevaux mais où les lances sont bien présentes, un grand marteau divin semant la dévastation avant d'être arrêté par un Mace Windu qui pourrait coller une raclée à Superman, des références par centaines aux films de la saga mais également à d'autres univers qui feront toujours sourire (voir Obi-Wan faire un dérapage comme Kaneda dans Akira, ça n'a pas de prix). L’œuvre est pleinement consciente de sa démesure et n'hésite jamais à s'en amuser, ne reculant devant aucune occasion d'aller "trop loin", pour notre plus grand plaisir une fois que nous nous prenons au jeu.

L'animation est d'une redoutable efficacité, en accord total avec le parti pris esthétique. Les personnages ont la mâchoire carrée, le sourcil froncé, et leur détermination est inflexible. Leurs mouvements sont fluides, dynamiques et parfaitement lisibles malgré leur vitesse surhumaine. Tartakovsky n'en est évidemment pas à son coup d'essai et nous avait déjà donné la preuve de son talent avec Samurai Jack, mais il gravit encore un échelon à mes yeux ici. George Lucas prouve encore une fois, involontairement, que son univers n'est jamais mieux mis en valeur que lorsqu'il est confié à des créateurs de talent. Et l'ensemble comble parfaitement le trou scénaristique entre les épisodes 2 et 3. Comment Anakin est-il devenu un chevalier ? Pourquoi a-t-il une nouvelle prothèse ? Comment le général Grievous a-t-il capturé Palpatine et pourquoi tousse-t-il comme un catarrheux ? Toutes les réponses sont apportées ici.

La série Clone Wars était originellement sortie sous un format de mini-épisodes, ce qui je pense dessert le rythme général de ce spectacle plein de bruit et de fureur. Je conseille vraiment un visionnage intégral pour une expérience agréable. L'édition 2 DVDs rempli parfaitement cet office, et j'invite donc quiconque serait intrigué par cette perle qui vaut le détour à se tourner vers cette dernière.

Activité sur Star Wars : Clone Wars