Ce polar de 1981 est un chef d’oeuvre issu d’un travail collectif (acteurs, scénariste, monteur, musicien, chef opérateur), tiré d’un roman de l’écrivain ex-policier anglais John Wainwright (Brainwash - Lavage de cerveau, traduit dans la Série Noire sous le titre "A table !").

L’ arrière-fond de notre humanité personnelle est toujours plus subtil que les représentations que nous avons de nous-memes : il fait coexister les éléments les plus équivoques de nos pulsions avec la morale sociale, professionnels, familiale, conjugale que nous affichons.

Ces combinaisons sont donc tordues chez chacun des personnages du film (les deux inspecteurs, le suspect, l’épouse) mais elles suscitent l’empathie malgré tout.

Cà, c' est indiscutablement du au réalisateur Claude Miller. C’était déjà unique, marquant et inoubliable dans son premier film « La meilleur façon de marcher » en 1976.

Ici, les remous et les rebondissements intérieurs en chacun des personnages continuent à vous travailler après la fin du film.

Inutile de dire que le remake américain « Suspicion" de Stephen Hopkins, en 2000, ne peut rivaliser avec ce film, malgré là encore de grands acteurs comme Morgan Freeman et Gene Hackman.

Faute d’évoluer dans une mise en scène brillantissime, ils font pâle figure devant Lino Ventura et Michel Serraut, qui sont accompagnés de Guy Marchand et de Romy Schneider.

Last but not least, les attentes d’amateurs hitchcockiens de "McGuffin" ou de classiques «whodunit » (qui a fait le coup ?) sont comblées, le dialogue au cordeau mais retenu de Michel Audiard est parfait, et les tres nombreux gros plans de Ventura le flic et de Serrault le suspect, et peut-être même de Romy Schneider l'épouse (pourtant si belle à filmer depuis toujours) n’ont jamais été aussi mérités.

(Notule de 2020 publiée en juillet 2025).

Remarque du jour :

Cette qualité spéciale de l'empathie pour ses personnages, peut-être que c'est chez Jacques Audiard qu'on la retrouve le plus aujourd'hui, comme si de ce côté là, il était plus l'héritier de Miller que celui de son père.

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