Biopic mollasson prenant pour cadre les dix dernières années de la vie de la légende de la country Hank Williams, "I Saw The Light" s'enferme dans les poncifs du genre en mettant en exergue des tourments intérieurs de la star finalement très communs à la majorité des grands noms de l'histoire de la musique américaine.

Son alcoolisme notoire puis sa dépendance médicamenteuse pour couvrir les douleurs d'une dégénérescence de la colonne vertébrale dont il souffre depuis la naissance, sa vie amoureuse chaotique, son ascension aussi rapide que sa chute jusqu'à sa disparition brutale (il est décédé à l'âge de 29 ans),... En s'attardant sur ce qui semble être les passages obligés de la vie de toute grande star du XXème siècle, le film oublie ou survole des éléments-clés indispensables à une meilleure compréhension de l'âme torturée unique de l'artiste : l'absence de figure paternelle, une mère réduite à un rôle de femme jalouse des compagnes de son fils (pauvre Cherry Jones dans un rôle sacrifié) alors que c'est uniquement par son courage et sa détermination que la famille Williams a pu survivre lors de la Grande Dépression ou encore la schizophrénie artistique de Hank qui, sous le pseudonyme de Luke The Drifter, enregistrait des morceaux à caractère religieux bien loin des textes de crooner de ses chansons pour le grand public. Même l'ampleur de la renommée de plus en plus grandissante du chanteur malgré ses troubles a dû mal à être réellement ressenti par le spectateur tant le long-métrage ne parvient pas à rendre justice à sa créativité musicale plus que prolifique si ce n'est par les enregistrements de ses émissions de radio avec son groupe ou quelques séquences de concerts plutôt réussies (l'alcool le fera d'ailleurs souvent renvoyer des stations qui le diffusent ou ne pas tenir ses engagements scéniques).

En fait, il n'y a que la mise en lumière de sa relation avec l'amour de sa vie, Audrey Sheppard, qui passionne vraiment (le film débute avec leur mariage de fortune). Dans son rôle de quasi-manager, cette femme ambitieuse poussera encore un peu plus le musicien sous les feux de la rampe de la scène nationale tout en étant dévorée d'une jalousie intérieure de ne pas voir sa propre destinée musicale s'accomplir faute d'un véritable talent. C'est sans nul doute la meilleure partie du film, l'alchimie naturelle entre Tom Hiddleston et Elizabeth Olsen apporte une vraie profondeur à leur couple et on ne peut que comprendre que leurs soucis conjugaux seront synonymes des problèmes croissants de Williams pourtant en pleine ascension. D'ailleurs, la suite de "I Saw The Light" peinera véritablement à donner du relief à ses quelques autres relations qui suivront avant son décès brutal.

Sans pour autant avoir passé un mauvais moment, on retiendra surtout de "I Saw The Light" l'excellence de ses deux interprètes principaux (Tom Hiddleston impressionne de mimétisme lors des numéros musicaux où il reprend (vraiment) les plus grands titres de l'artiste) car l'ultra-classicisme de ce biopic, autant sur le fond que sur la forme, ne lui permet pas de prétendre à grand chose de plus.

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