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7.7
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Album de Ayreon (2008)

01011001 occupe une place particulière dans mon panthéon des albums d'Ayreon, non pas pour son nom mêlant sex-appeal et poésie (en réalité la traduction en binaire de la lettre Y) mais parce que c'est le premier de l'artiste que j'ai découvert il y a quelques années.


D'emblée, le double-album frappe par son concept ambitieux : une race extraterrestre vivant sur la planète Y (qui vous l'aurez compris donne son nom à l'album), les Forever, a atteint un progrès technologique considérable mais celui-ci a atrophié ses émotions. Ils vont alors créer la race humaine sur Terre pour éprouver à nouveau à travers elle les émotions des premiers jours.


À partir de cette histoire de science-fiction grandiose qui ferait déjà un bon roman à elle seule, ce qui est franchement génial (entre autres) ce sont les questions éthiques que l'album va poser. Qui sont les Forever pour jouer à Dieu et créer l'homme à leur image ? Ont-ils le droit de provoquer l'extinction des dinosaures pour créer une race dont le seul but est leur plaisir personnel ? Que vaut une vie vécue par procuration ? L'homme ne reproduit-il pas les mêmes erreurs que les Forever en leur temps ?


L'album apporte quelques réponses puisqu'il s'achève sur l'extinction d'une humanité qui n'a pas su entendre les messages que lui ont adressé les Forever, tandis que les habitants de la planète Y, eux, réalisent en réaction de cet échec qu'il ne tient qu'à eux de redonner du sens à leur vie. Évidemment, comme dans toute œuvre de SF qui se respecte, c'est à l'auditeur d'interpréter l'histoire pour se faire sa propre idée.


Pour donner corps à ces évènements et débats, la distribution des personnages est, encore plus que d'habitude, en or. 17 chanteurs viennent interpréter Forever et humains, parmi lesquels Anneke van Giersbergen (The Gathering, vous n'aurez jamais entendu quelqu'un déclamer des couplets en binaire de façon plus convaincante) revient donner du service, mais aussi Hansi Kürsch (Blind Guardian), Daniel Gildenlow (Pain of Salvation) ou encore Floor Jansen (After Forever, Nightwish) pour ne citer que mes préférés. La forme des paroles est plus dynamique que jamais, faisant se répondre, se superposer, se compléter les voix qui sont toutes formidablement utilisées, seules ou en chœur. Cet album est à écouter, comme un opéra, rien que pour ses voix.


Point de vue composition musicale, le gain en maturité qu'on observait déjà sur The Human Equation est affirmé, les chansons, s'enchaînent avec fluidité et logique. La musique, plus variée que sur aucun autre album de Lucassen, vient coller au ton des paroles et amplifier leur impact.


01011001 est une synthèse (du point de vue de l'histoire aussi au passage) musicale de tous les précédents, l'électro mélancolique de The Dream Sequencer vient faire écho à l'apathie des Forever sur Comatose, ou à l'inconscience des humains sur Connect the Dots. Les passages folks viennent raviver les souvenirs des premiers temps sur Newborn Race. Les moments épiques de Into the Electric Castle semblent ressuscités à l'occasion du grandiloquent Ride the Comet ou du terrible The Sixth Extinction, et les débats enflammés animant Beneath the Wave ne sont pas sans rappeler The Human Equation.


Un album complet, une histoire incroyable dans sa cohérence et sa narration, une synthèse de ce qu'a pu proposer Ayreon dans sa carrière ainsi qu'un pont entre ses différents albums, le projet semble arrivé à son terme. L'album serait parfait à mes yeux s'il n'y avait pas une petite baisse de régime en début de second album et quelques chansons encore un peu moins immersives, mais le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai rarement écouté album aussi ambitieux.


PS : Sur cet album encore plus que sur les autres, la critique de Gilraën est bien supérieure à la mienne (à part peut-être pour le jeu de mot du titre) alors allez y jeter un coup d’œil, surtout si l'album vous plait !

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le 15 avr. 2015

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Nordkapp

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