jtaf ce truc jusqu'à ce que ca soit parfait, sauf que c'est nul quand c'est parfait
Le crack d’Albi a brillamment démarré 2025.
“1er mouvement”, c’est un EP sans complexe et sans hit facile, un mariage de samples surannés, de phases insolentes et matures, et ça lui vaut des premières interviews fleuves (faut vrmt lire celle de l’ABCDR du son).
“1er mouvement”, c’est surtout prendre le risque de rouvrir une trilogie après le succès de la première, celle qui l’a campé en 2022 parmi tous ces prodiges que le rap fr voit éclore à peine sortis de la puberté. J’imagine qu’elle sera plus plébiscitée que la précédente, et sans doute plus sage.
“1er mouvement” c’est vraiment cool. Mais à chaque écoute, “3ème cycle” refait surface dans ma tête ??? Pour moi, cet opus sorti en octobre 2022 a encore de très beaux jours devant soi. N'en déplaise à la loi d’airain de merde selon laquelle les premiers projets sont, avec le recul, souvent appréhendés avec la tendresse et le surplomb d’un adulte devant le dessin de son gosse.
Ici, pas besoin de passage de relai, pas d’erreur de jeunesse à étouffer. Pour moi, H n'a jamais dépassé le charisme, la créativité et le je m’en foutisme atteint sur ces 24 minutes.
Faut + de do-it-yourself dans le rap svp
Ce disque, c’est l’éloge de l'arrogance innocente (l’innocence arrogante) , l’oeuvre do-it-yourself par excellence, la fièvre de tes 20 ans. H rap comme il compose. Comme sur le 1er et le 2ème cycle, il produit chacun des titres, épaulé par Simala sur “Musée” et le très digital esone sur “Vrai Crack”.
Tout est déjà là dans le premier morceau, “La Trinité” 1) des phases débiles ('aujourd'hui tu peux tout vendre, tes organes meme ta dignité, j’étais attentif en cours de comptabilité') 2) trois samples qui se répondent et un beatswitch d’une intensité dramatique vraiment .... 3) une production un peu zinzin sur les bords, avec des 808 au bords de l'épilepsie
L’EP est parsemé de bonnes idées musicales, incisives et souvent simples (cette note qui glisse dans l’aigu puis le grave dans la deuxième partie de “Vrai Crack” / cette mélodie rêveuse qui se marie à une élégante ligne de basse sur "L'éther"). Et la plus grande force des productions, c’est l’absence de complexes. Les envolées d’autotunes sur une voix de prépubère acoquiné aux clopes (enfin il dit qu'il fume pas), les grandes nappes de reverb, les notes de basses qui flirtent avec le dissonant, les drums massacrées d’effets barbares... mais rien n’est laissé au hasard. H tricote et détricote, sort du cadre avant de s’y reglisser, teste les limites de l’auditeur. Tout est cohérent mais prétexte au jeu. Le tout résumé dans cette phase, épitomique, de “Vrai Crack" : “J’taf jusqu’à ce que ce soit parfait, sauf que c’est nul quand c’est parfait”.
Je me rappelle d’un live juste avant la sortie de “Matière première”, son premier album sorti en mai 2023, où il avait expliqué que le mix serait différent de sa trilogie. Par prudence ? Il sera en effet plus “pro” sur ce premier album très attendu, renié à demi mot dans l’interview de l’ABCDR
Enfin, les prod de “Troisième Cycle” touchent à plusieurs styles : une sorte de détroit bitcrush pas banale dans “Musée” et un boombap moderne très très clean muni d'un refrain fédérateur avec “L’éther. Attention le monsieur aime pas qu'on le jette dans le carcan de la new gen je crois
Au dernier son, Achille montre clairement qu’il n’en a plus rien à foutre, enfile sa casquette de “Monsieur le prouveur” et se permet un octuple beat switch très jazzy (très très efficace en concert).
Un standupper né
c'est vrai qu'il faut éviter de tout surintellectualiser, disséquer chaque punchline : Elles s’écoutent avec beaucoup de second degré et transpirent la spontanéité. J’en cite une parmi les milliers d’autres qui occupent ma tête : “quand j’ai besoin de me canaliser je vais marcher vers le canal, mon truc est presque parfait ton truc est presque pas mal”. H Jeune Crack va jusqu'à l'absurde, et invente le rap stand-up : ““Les traders j’comprends pas le principe, ils achètent de l’argent... c’est comme marcher sur des chaussures / Et on marche pas sur mes chaussures / J'essaie de rester simple mais c’est trop dur”
La valeur ajoutée de ce disque réside aussi dans les émotions communiqués. Déjà il y a de la désillusion dans cette manie de rire de tout et de façonner des punchlines improbables. Au milieu de celles-ci, H est plus que touchant : sa peur panique de tirer sur un joint, son palmarès cata avec les meufs (“3 meufs” est une référence absolue dans les sons de loveur, construit sans mièvrerie ni beauferie). Mais aussi sa grand-mère qui est partie, elle-même qui disait que “tout fout le camp”, ou son pote décédé. Mention spéciale au son “Le joueur le plus précieux”, qui évoque sa peur de monter à la capitale et de quitter la petite vie tranquille, sans grandes ambitions dans laquelle il baigne
Félicitations au jeune crack, merci pour ce disque qui m'a beaucoup touché, fait pareil pour 3e mouvement stp, merci
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Créée
le 2 avr. 2025
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