Tout est allé très vite pour Gomm. Destroyed to perfection, leur premier album, n’aura pas laissé indifférent : ni Pias qui l’a signé tel quel, ni les 7000 personnes qui l’ont acheté, ni tout le public qui a eu la chance de voir cette machine de guerre déployée en arc de cercle qu’est devenu Gomm en peu de temps. Vient l’heure du 2e album avec toutes les attentes légitimes que celui-ci suscitait. Les Lillois allaient-ils mettre de l’eau dans leur vin ? Etre moins radical dans leur mode électrique et électrisant d’assener des piques post-punk ? Le début du nouvel album (Words) poursuit les choses là où s’arrêtait le précédent (Sorry). Gomm reste fidèle à lui-même, n’hésitant pas construire un morceau sur 2 accords de guitare et 1 son de clavier pour faire monter la tension ou une impulsion électrique qui se module sur plusieurs minutes (To be your friend). Minimalisme de moyens, maximalisme d’expressivité post-punk. La sauvagerie rock de Gomm s’exprime dans une froideur hiératique parfois proche de la motormusic ou d’un Krautrock à guitares. La voix de Marie sert toujours de contre-pied candide à l’étau formé par basse et guitare, ce qui pas là la moindre des perversions. Gomm passe quand même au deuxième stade de sa révolution électrique. On connaissait le groupe à l’aise dans le cour-circuit de 3’, des morceaux qui vous font prendre le jus sans possibilité d’échappatoire. Il s’exprime désormais sur des formats plus longs, plus ambivalents. Le tortueux Good sides et Fiction qui arrive à éveiller en nous d’autres sentiments, nous laissant un goût de mélancolie mais sans perdre de sa force. Le groupe s’en est remis à Peter Deimel (producteur des Hushpuppies, Hopper…) pour faire muter nos artificiers sans altérer leur soif nihiliste. Le bon choix sans nul doute pour faire de Gomm, plus que jamais les 4 fantastiques.