Dix ans que j’attendais ça, un nouvel album de Paris Combo. Dix ans, égaré dans les limbes d’internet à surfer de forum en forum, à taper des mots clés toujours plus obscurs dans mon moteur de recherches préféré, dans l’espoir de glaner quelques rumeurs, quelques vérités révélées sur un de mes groupes de référence. Dix ans à me faire balader de petite info en grosse intox, à déverser ma bile, révolté qu’on ose me faire attendre moi, ma Sainteté Jambalaya, plus grand fan autoproclamé de Paris Combo. Puis un jour, il y a très longtemps, l’info filtre sur leur site, un album est en préparation et sortira prochainement. Cette info a bien dû être affichée pendant deux ans sur leur site et j’ai fini par l’oublier un peu celle-là.
Le hasard étant l’inspiration des esprits, j’ai de nouveau surfé deux jours avant la sortie de l’album et je tombe nez à nez avec cet album « 5 » (se sont pas foulés sur ce coup-là) et découvre stupéfait que, ça y est, la sortie est prévue deux jours plus tard. Ni une ni deux je prends ma Visa (la carte, pas la voiture Citroën, même si mon papa en a eu une, que j’ai cartonnée à l’âge de douze ans quand il a eu la riche idée de me faire confiance pour la rentrer dans le garage…en oubliant de me dire où était le frein) et je te précommande cet album sur iTunes parce-que franchement, j’ai rarement eu autant la dalle avec un album à venir. Pour patienter, iTunes te met comme même sur ton ordi un des titres que t’écoutes en boucle comme un couillon pendant deux jours jusqu’à fissurer la peinture de ton salon, qui de toute façon a besoin d’être refaite. Un nouveau Paris Combo pour moi, c’est un besoin vital et primitif que je viens d’assouvir en bon sauvage et s’il n’y avait pas eu entre temps cet album duo entre David Lewis et cette femme extraordinaire qu’est Belle du Berry, je crois que j’aurais fait subir tous les soirs les sept derniers outrages à cette bombe atomique qu’est ma femme.
Mais me voilà rassasié et rassuré, en dix ans le groupe à perdu un de ces membres, mais pas la main. On navigue sans s’en apercevoir entre un jazz classieux et intimiste et l’énergie d’un swing zazou qui sentent bon le Saint-Germain-des-Prés et les cabarets de Montmartre. Belle du Berry reste cette grande fille lunaire capable des tirades les plus incongrues, mais toujours poétiques. David Lewis déborde toujours d’un talent énervant, il reste le seul musicien à ce jour que j’ai vu sur scène jouer de la trompette, le pavillon trempé dans un aquarium, mais surtout le seul que j’ai vu jouer en même temps de la trompette et du piano. Paris Combo c’est la mélancolie heureuse, une sorte de désenchantement avec le sourire, certaines chansons sont très engagées mais le sont toujours avec du swing. Paris Combo c’est l’ancien rénové, c’est le démodé remis aux goûts du jour, des mélodies, des arrangements qu’on regarde avec méfiance parce-qu’ils sentent la naphtaline mais qui finalement respirent le printemps des ginguettes des bords de Seine d’Argenteuil. Deux ou trois écoutes suffisent pour avoir les chansons de l’album vissées aux oreilles et les fredonner à en rendre fous les collègues qui préfèrent Shakira.
Je vais mieux, j’ai eu ma dose et si je suis allé au-delà de celle prescrite, c’est dû à une période de sevrage bien trop longue. Le groupe n’a rien perdu de sa qualité en dix ans d’absence et j’en arrive presque à les pardonner de m’avoir abandonné si longtemps, même si c’est un incroyable manque de respect pour leur plus grand fan, moi !. J’aime toujours autant ce mélange d’énergie douce et de textes pleins de sens et s’ils n’ont malheureusement pas le succès et la renommée qu’ils méritent alors tant mieux, parce-qu’ils restent dans mon petit jardin secret d’égoïste à moi.
P.S. : Tout de même, je croise les doigts pour que ce texte vous les fasse découvrir, écouter et offre à cet album le beau succès qu’il mérite.
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