True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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True Detective est un générique, probablement le plus stupéfiant qu’il m’a été donné d’admirer. Stupéfiant par les images qu’il égraine patiemment, images d’une beauté graphique rare, images sombres et évocatrices et images pleines de questions et d’interprétations possibles, telles que les aime tout fan. Stupéfiant par la chanson Far From Any Road de Handsome Family composée par T. Bone Burnett, cette chanson est un chef-d’œuvre pour elle-même et devient une véritable symphonie accolée à chaque épisode, jamais générique n’aura été une telle mise en condition pour ce qui vient après.


True Detective est une atmosphère si particulière, bien différente des univers glauques qu’ont pu nous proposer le cinéma et les séries jusqu’à présent. On nous a souvent montré des banlieues dévastées, des décors sordides et des alignements de cas sociaux. True Detective s’installe en plein milieu des superbes paysages du bayou, cet univers fascinant et plein de dangers, cet univers de putréfaction, de décomposition et de prolifération. True Detective sent la charogne, cette série colle aux vêtements comme de la mélasse, l’odeur nauséabonde qui en émane imprègne les vêtements et l’âme pendant des heures. Tout ici est sombre et renifle la noirceur de l’âme humaine et des instincts primitifs les plus barbares. On se sent sali à la fin de certains épisodes, sans que rien ne puisse venir retirer cette crasse qui s’est abattue pendant près d’une heure.


True Detective est un formidable duo d’acteurs, deux gueules pas possibles qui ont su prendre un risque avec le rôle qui leur a été donné. D’un côté Woody Harrelson, mâchoire proéminente et regard en acier trempé se livre peu à peu au fil des épisodes et alterne parfaitement les hauts et les bas d’un rôle complexe. Face à lui Matthew McConaughey, probablement encore en manque de poids suite à son rôle dans Dallas Buyers Club, prouve qu’il n’est pas juste une mode ou un feu de paille, mais qu’il est bien cet acteur qui a hiberné pendant des années avant de se rendre compte qu’il était capable d’autres chose que de sourire.


True Detective est un inoubliable duo de personnages, un buddy movie hors norme et très éloigné de ce que le cinéma à proposé dans le genre. Le plus frappant est la fausse piste sur laquelle on se laisse entrainer si l’on n’y prend garde. Jamais deux flics n’ont été si mal assortis et pourtant Rusty et Marty s’entendent par une étrange alchimie. Marty est le flic classique : père de famille et marié, respectueux des règles et accessoirement coureur de jupons. Rusty débarque dans son monde avec la discrétion de ceux que leur passé torture, il vit seul et ne révèle rien sur lui, il parait instable et imprévisible. Tout fonctionne jusqu’à ce qu’on admette que l’instable n’est pas celui qu’on croit.


Rusty, s’il s’entoure de mystère et de méthodes pour le moins originales est finalement le seul personnage de l’histoire à être posé et qui ne vit pas de ses pulsions. Au bout du compte, il est celui des deux qui a pleinement conscience de lui-même, qui admet ses faiblesses et connait ses forces. Il a une incroyable capacité d’analyse de l’enquête, de lui-même et de son entourage, il lit en quiconque comme dans un livre ouvert. Marty, sensé être le flic modèle père de famille est totalement soumis à ses pulsions de mort et sexuelles, les deux étant souvent liées. Il est celui qui tirera le coup de feu de trop en début de saison, il est celui qui ne peut résister à une jolie paire de fesses bien fraiche, même si les plus belles du monde l’attendent chez lui. Bref, sous les apparences que tous donnent à voir bon gré mal gré, se cachent des vérités sur chacun qu’il faut se donner le mal de comprendre.


True Detective apparait bien bavarde à ses débuts, installant un monde fait d’introspection et d’onirisme, d’angoisses et de froideur, chaque parole y étant pourtant nécessaire et ressemblant à une minutieuse montée en régime, frein à main serré, pour lâcher toute la puissance du moteur dans les trois derniers épisodes, donnant un sentiment fulgurant d’accélération qui a déplu à certains mais qui m’a convaincu de sa nécessité. Ces deux détectives marquent du sceau de leur violence intérieure qui laisse sonné quand s’achève le dernier épisode.

Jambalaya
9
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le 12 mars 2014

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Jambalaya

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