La dernière fois que Rod & Gab avaient sorti un album inédit, soit il y a déjà 5 ans (!), 11:11 avait tourné en boucle chez moi pendant de longues semaines. C’est donc avec la même frénésie que je me ruai chez le disquaire le jour de la sortie de 9 Dead Alive, dans l’espoir d’annoncer à qui voudrait l’entendre qu’ils avaient récidivé, avec un album aussi bouleversant que son prédécesseur. Mauvaise pioche.
Un peu timide, parfois tristement pauvre, souvent répétitif ; 9 Dead Alive canonise les craintes que certaines performances live du duo mexicain avaient fait naître en moi. Si leurs shows sont d’une puissance remarquable – que j'ai plusieurs fois prise en pleine face – on y retrouve souvent les mêmes clés quand il s’agit d’improviser, ou de clore les morceaux. C’en devenait presque amusant ; ça l’est beaucoup moins quand c’est enregistré en studio. Torito et Sunday Neurosis, en sont les meilleurs exemples. Pas toujours cohérentes et surtout assez pauvres, elles ressemblent à de bonnes idées mal travaillées.
La cohérence est justement un problème récurrent dans 9 Dead Alive. J’ai été plusieurs fois gêné par des transitions mal assurées, des riffs agressifs sortis de nulle part et venant parfois gâcher de jolis arpèges, comme sur Misty Moses. Autre (gros) problème, de nombreuses impressions de déjà-vu. FRAM, en plus de sa structure douteuse, rappelle étrangement Logos ; Somnium comprend une copie conforme du crescendo d’Hora Zero ; The Soundmaker – l’opening track qui avait bénéficié d’une sortie anticipée – sonne comme un Buster Voodoo mal réveillé. D’une manière générale on a le désagréable sentiment que Rod & Gab ont fait le tour de la question, en particulier dans le domaine des riffs lead de Rodrigo, si prenants sur 11:11.
Fort heureusement, il y a quand même de bonnes idées, notamment sur les solos. Sur celui de Torito, Rod ose – enfin – le bottleneck, pour un résultat pas dégueulasse. Celui de FRAM est un régal ; dommage qu’il faille se taper tout le début… L’utilisation de doubles pistes lead (également sur Somnium), du quasi jamais vu auparavant, donne du volume et de l’harmonie – c’est pas de refus.
Mais la vraie réussite de l’album – et c’est peut-être le plus étonnant – ce sont ses parties mélodiques. Alors que jusqu’ici Rodrigo y Gabriela étaient spécialistes en riffs furieux à vous retourner une fosse, la mélancolie de Megalopolis et La Salle Des Pas Perdus est encore ce qu’il y a de plus appréciable dans ce 9 Dead Alive. Enfin de l’inédit ! On en arrive presque à en redemander. Comme quoi, rien n’est perdu…
Malgré cette ultime satisfaction, 9 Dead Alive n’arrive pas à la cheville de son grand frère. 5 ans d’attente pour à peine trois quarts d’heure de déception – le mot est lâché – et un cruel manque d’innovation. La prestation reste comme d’habitude de bonne facture, mais le résultat est plat, sans risque, sans exotisme. Où est passé le violon d’Ixtapa, l’accent oriental d’Atman, la wah-wah de Buster Voodoo ? Et si le moment était venu pour le duo de prendre un bon virage à 180° ?


PS : Comme à chaque fois qu’ils sortent quelque chose, je guette une référence à "Anoushka", nom donné à cette composition jamais exploitée que Rod & Gab jouaient sur scène il y a quelques années. Pour les curieux, c’est par là : https://www.youtube.com/watch?v=zv7XcVx6qSo. Ce morceau reste un des plus beaux qu’il m’ait été donné d’entendre, et je continue d’espérer qu’ils en feront un jour une chanson. Parce que putain, c’était le bon temps.

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le 29 avr. 2014

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Jambond

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