Pharoah Sanders – A Prayer Before Dawn (1993)
Pharoah Sanders encore, mais avec un album très différent qui s’ouvre sur un Pharoah plus intimiste, voire secret, comme s’il ouvrait une page qui dévoilait une autre part de lui-même, avec sincérité et même une certaine candeur, pourrait-on penser…
La réussite n’est pas toujours au rendez-vous et beaucoup rangeront cet album du côté des rebus, mais peut-être s’en débarrasseront-ils trop rapidement, car il y a quelque chose à gratter me semble-t-il, même si nous voilà bien loin des emportements anciens qui nous laissaient souvent ébahis, K.O debout !
Il y a quelques maladresses ici, particulièrement le choix de l’accompagnateur principal, car pas mal de pièces sont jouées en duo, et son comparse, William Henderson au piano et au synthé Kurzweil n’est pas à son meilleur. C’est dommage, mais il foire pas mal et se pose dans un accompagnement assez souvent malheureux, « The Light At The Edge Of The World » par exemple souffre de choix très contestables.
La version Cd contient deux titres supplémentaires dont « Chrismas Song » qui, si on y ajoute « The Greatest Love of All », est la seconde reprise d’une interprétation de … Whitney Houston ! Cette chanson de Noël est de toute façon saccagée par le synthé ringard de Henderson, il vaut mieux se concentrer sur le jeu de Pharoah.
Avouons une certaine surprise, mais c’est une autre face de Pharoah qui se dévoile ici, plus douce, plus sensible, calme et reposée. Un certain côté « fleur bleue », qui penche du côté du bon Dieu, du bien, du monde de l’intime et de la beauté simple, partagée, alors forcément on grimpe moins aux rideaux, mais il y a également de belles choses ici.
Les deux reprises de Coltrane par exemple, « Living Space », juste sublime, et « After The Rain » avec John Hicks au piano. « Midnight At Yoshi’s » avec Brian McLaughlin au tablas, Lynn Taussing au sarod et chandrasarang et Alvin Queen à la batterie est la seule pièce jouée en groupe, elle se distingue également.