Artifakts II
Artifakts II

Album de Artifakt (2005)

Voici le deuxième album de Matthew De Nobrega, alias Artifakt, originaire d'Afrique du Sud. Il est connu pour son travail sur le son Timecode, notamment en charge de l'intégralité du Timecode et du mastering Nexus Media.


Artifakt II a un concept précis : vous remarquerez donc trois courts morceaux (1, 7 et 9) qui doivent être considérés comme des transitions. De plus, les morceaux sont tous enchaînés (non mixés, mais avec un flux musical continu).


1. Il se compose simplement d'une courte intro avec des sons étranges et distants jusqu'à 1'20, puis s'estompe pour former un morceau psy-broken beat.


2. La ligne de basse me rappelle les chansons de Prince, surtout à 0'40, autrement dit, elle sonne funky. Par moments, la rythmique intègre des éléments indus (à partir de 2'45). À 3'25, vous découvrirez un break rapide composé d'un filtre de diminution brutal et d'un effet rétro (à la manière des DJ). Sinon, l'harmonie générale est assez douce malgré la présence de plusieurs leads torsadés.


3. À 0'30, un sample inversé est joué. Made débute par une courte partie de cuivres qui rappelle Eat Static - City Of Sin et, dans une moindre mesure, Bucketheads avec leur hymne (ces sonorités me viennent à l'esprit). Le morceau est plus mélodique que le précédent, dans un style tourbillonnant, mais avec des sonorités toujours très tordues. Après le break à 4'30, la reprise se fait au ralenti, avec le même thème.


4. L'intro est robotique, avec des sonorités incongrues, et l'ambiance devient rapidement funkadelik avec une basse très groovy à un rythme rapide. Puis, d'étranges sonorités indus apparaissent lors d'un break (à partir de 1'45). L'évolution du morceau repose sur une montée progressive de l'énergie et de l'agressivité positive des sons.


5. Sur ce morceau, Artifakt prend un malin plaisir à jouer de la musique en tapant sur ses casseroles (c'est Madame Artifakt qui ne sera pas contente). La particularité ici est un lead mélancolique et tordu qui apparaît dès 4'38. Sauf que le contenu global est plus classique, avec des sonorités Timecode : pachydermique et furieux.


6. Tout au long du morceau, je ne peux m'empêcher de penser à Infected Mushroom (deux premiers albums, point final). Il y a un lead amusant dès 1'36, un mélange de fly et de personnage plaintif. À 5'17, un solo d'orgue provenant de vieilles églises apporte une touche sombre. Puis la mélodie de l'orgue s'éteint pour laisser place à des riffs électrifiés, rejoints par un lead très tranchant et strident dès 6'35. Bon, appelons ce morceau « ArtiMushies » au lieu de « 6 » :lol:


7. Comme je l'ai dit précédemment, ce morceau fait partie de la courte transition entre les différents morceaux de l'album.


8. Retour à un son plus Artifakt avec des mélodies de cuivres enflammées (à partir de 1'40). L'atmosphère est plus sérieuse, du moins au début, grâce à la pause rapide et inattendue à 2'30. On dirait un groupe horrible dans le métro jouant de la guitare acoustique et des percussions, avec un chanteur qui, pour le supplier, couperait le morceau en plein milieu. À 4'22, un nouveau son apparaît, à mi-chemin entre un miaulement et un pétillement, mais une chose est sûre : son aspect corrosif pour les oreilles. J'ai oublié de mentionner la basse, elle est très chaude, vous pouvez la vérifier à 5'40 pendant la pause.


9. Une autre transition rapide, faite de sons totalement désaccordés ; normalement, on aurait pu croire à un air de Noël…


10. La ligne de basse est très plate, puis s'emballe. Ensuite, je me suis concentré sur la rythmique, très lourde, avec une ligne de démarcation saturée. Si vous aimez les productions brutes, vous serez servis. À partir de 3'20, un gimmick (une sorte de cri numérique) semble suivre la rythmique en arrière-plan. Le morceau s'épaissit avec de plus en plus de leads et de nappes, ce qui le rend un peu flou, confus. Pendant la pause, un son étrange se produit à partir de 5'28, il me fait penser à un éléphant qui pète. Je pense que celui-ci est un peu trop fou pour le commun des mortels.


11. Artifakt a récupéré les casseroles cachées par sa femme ; il peut maintenant pleinement expliquer sa passion pour la création de beats avec elles à partir de 0'30. Dans son laboratoire fou, le professeur Artifakt a également expérimenté des sons avec un ballon en plastique dans lequel il a placé le micro à partir de 1'18 et un autre mécanisme indus à 2'30. À partir de 3'33, on découvre une symphonie à peine supportable, à cause des sonorités grinçantes ultra-dominantes. À partir de 5'00, la structure change, devenant plus planante, puis brièvement psychédélique et amusante, avant un retour de la partie planante jusqu'à la fin.


12. Ce morceau me semble être un mégamix de plusieurs idées présentes dans les morceaux précédents. Par exemple, Artifakt nous propose à nouveau le break du morceau 8.


13. Ce dernier est plus original, comparé à l'ensemble de l'album. C'est une sensation presque joyeuse et positive, baignant dans une myriade de sons tordus, comme toujours, avec ce traitement sonore à la limite du brut.


C'est un album très intéressant du point de vue de la production et de la créativité, il exige donc une grande implication à l'écoute pour tout saisir, ce qui le rend très éprouvant mentalement et physiquement. Musicalement, attendez-vous à des sons Timecode emblématiques, à la folie d'Artifakt présente sur des morceaux récents de compilations, mêlée à sa passion pour l'expérimentation et l'intégration de sons étranges. Un album qui ne sera pas facile à appréhender pour beaucoup d'amateurs de psytrance, ayant moi-même rencontré des difficultés sur certains morceaux. Du coup, Artifakt II est un album que l'on apprécie ou que l'on déteste, la position intermédiaire étant impossible ici.


Normalement, je donne des favoris, mais ici je n'en donne pas. Tous les morceaux sont vraiment excellents, sauf peut-être Track 12, un peu plus faible, ce qui rend presque impossible d'avoir une préférence.

Yuesuke
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le 13 sept. 2025

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