Nav continue avec ses bad habits

Les choses doivent être éclaircies avant la lecture de cette critique : non, je n'éprouve aucune haine particulière envers Nav. J'imagine que mes mots ne seront pas les plus doux à son égard lors de la rédaction à venir, mais le mec ne me dérange pas. Je me pose simplement des questions sur sa réussite commerciale que j'ai du mal à expliquer.

Je me souviens l'avoir entendu pour la première fois sur le morceau beibs in the trap de l'album BITTSM de Travis Scott en 2016. Rien d'exceptionnel jusqu'ici, il me semble que le morceau avait été clippé et qu'il avait plutôt bien fonctionné sur les réseaux. Un mec de plus pénétrant dans le monde de l'autotune, pas de quoi provoquer un raz-de-marée.

Le projet collaboratif - avec Metro Boomin s'il vous plaît - Perfect Timing paru courant 2017 ne m'a pas marqué. On y retrouve un Nav loin d'être percutant mais sachant varier les types de flow, en usant de l'autotune selon ce qu'on lui propose comme instrumentale. Pas une révolution à l'époque, pourtant quand j'y repense aujourd'hui... vous comprendrez d'ici quelques minutes.

Continuons avec son projet Reckless, le premier sorti sous le sceau de XO Records (à ma connaissance), label créé par The Weeknd. Il semblerait que cela tienne à cœur à ce dernier de mettre en avant son compatriote qui est rapidement devenu SON protégé. Hormis les feat - excepté celui de Quavo - l'album est d'une monotonie ahurissante. Quand on écoute un album, il nous arrive parfois de trouver certaines pistes en trop, qui sont là pour combler les trous ou tout simplement pour prolonger l'album et éviter qu'il ne prenne la forme d'un EP. C'est assez fréquent, même chez "les meilleurs", bien que terme ne se prête jamais bien à un art inexact comme la musique. En écoutant Reckless, on a l'impression que le projet est uniquement constitué de morceaux de ce genre.

Le titre de l'album Bad Habits se prête bien à ce que j'essaie de vous transmettre ici. Ce nouvel opus reprend tous les défauts déjà observés lors des précédents projets de notre ami Nav. On tourne rapidement en rond. Rien ne se passe, l'autotune disparaît de plus en plus mais le flow est insipide, inintéressant. Si j'estime que ce projet est mieux réussi que le précédent, c'est uniquement grâce à la production qui reste mélodieuse, donc attrayante (c'est d'ailleurs un point qui m'a incité à mettre un 4 plutôt qu'un 3), mais souvent gâchée par l'omniprésence des lyrics du rappeur. Une nouvelle fois, les feat font partie des morceaux les plus aboutis du projet. Cela conforte mon idée que Nav n'est pas un artiste ayant les épaules pour être efficace en solo, même si les chiffres liés à ses ventes me contredisent.

S'il est plutôt cool de voir émerger des artistes autre que Drake dans le monde du hip-hop canadien, je ne comprends toujours pas le succès de Nav dans le costume de rappeur. Pas du tout charismatique tant dans son image - il s'agit d'un constat plus que d'une critique ouverte - que dans ses musiques, ses limites sont trop nombreuses pour s'imposer solidement dans cet univers impitoyable.

Ma curiosité est intacte pour tenter l'écoute d'un potentiel futur projet. Mais mes attentes sont très basses et j'ai du mal à croire à un changement de cap soudain, d'autant plus qu'il brasse pas mal avec ce mode de fonctionnement.

Ah les goûts et les couleurs hein...