Les marsupiaux sont de retour avec un son plus rond, plus soigné et plus mature.

Cette critique est à la base une vidéo visionnable ici : https://youtu.be/YRFus5Oc-rI


The Wombats est de retour (après avoir battu tous les records sur Glitterburg) en nous dévoilant son dernier né Beautiful People Will Ruin Your Life à paraître le 9 Février chez Kobalt Music Recordings et PIAS Records. Ce dernier étant un label indépendant belge de haute voltige au catalogue absolument impressionnant. A noter que ceci marque la fin de leur production par Warner via 14th Floor Records jusque là.


The Wombats c'est un groupe comparable à Two Door Cinema Club, pour ceux qui connaissent, à la différence près qu'ils n'ont pas eu la même ampleur de buzz avec leur premier gros succès, ("Let's Dance To Joy Division" paru sur A Guide to Love, Loss and Desperation), et qu'ils ont eu une croissance beaucoup plus "saine". Là où l'autre a fait plus de 200 millions de streams sur Spotify et 45 millions de vues sur YouTube juste pour le titre "What You Know" mais a peiné à suivre le rythme avec ses sorties suivantes. Le résultat est là, 11 ans plus tard le groupe est toujours présent et à la hauteur avec notamment le single "Greek Tragedy" extrait de Glitterburg qui a battu leur record avec plus de 70 millions de streams sur Spotify. Un très beau chiffre. L'album avait par ailleurs fait son entrée dans le TOP 5 des charts au Royaume-Uni avec en prime une apparition dans le Billboard 100 qui est le classement des 100 morceaux les plus populaires aux Etats-Unis. Dans les deux cas, c'était une première pour le groupe pourtant habitué des ondes radios.


Aux commandes de cet album on retrouve Mark Crew qui avait déjà travaillé sur Glitterburg mais également avec Bastille et Rag'N'Bone Man. Soit dans les deux cas une formation ayant connu un certain boom médiatique. Mais on retrouve aussi Catherine Marks, qui travaillera pour la première fois avec eux, que l'on retrouve à la production de certains très bons albums de ces dernières années. Parmi lesquels le très qualitatif Holy Fire de Foals (en même temps, difficile d'être objectif en ce qui me concerne lorsque l'on parle de Foals) et une apparition sur Sunlit Youth de Local Natives. Une perle de pop moderne. Donc avec un casting pareil, l'album ne pouvait que générer certaines attentes.


Et disons le, Beautiful People a encore plus de potentiel que son prédécesseur de par une certaine subtilité nouvelle. Le groupe y garde sa signature de second degré dans ses paroles tout en mélangeant le tragique et le comique. Il n'y a qu'à voir leur clip sur le single "Cheetah Tongue" qui est à mourir de rire. Ce dernier mettant en scène des ménagères du quatrième âge faisant du fitness avec des conserves de haricots et des fers à repasser. Brillant.


Et par opposition nous retrouvons un clip sombre et sanglant sur le percutant "Lemon To A Knife Fight" tout en gardant ce côté second degré dans sa deuxième partie. Mais revenons sur le titre. En principe l'expression anglaise est "Bring a knife to a gun fight", soit ramener un couteau à un combat d'armes à feu, pour parler d'une bataille que l'on ne peut pas gagner. Ici Matthew Murphy, alias Murph, raconte une grosse dispute qu'il a eu avec sa femme à Los Angeles et utilise la métaphore d'apporter un citron à un combat de couteaux pour insister sur le fait que quelque soit son argumentation il ne pourra jamais gagner face à elle. Ce qui illustre très bien l'univers du groupe qui aime l'absurde tout en mettant du sens dans ses paroles et son message. L'un des facteurs principaux de leur charme.


Quant à la production, elle est brillante. A coups de synthés futuristes et d'arrangements assez subtils qui font très science-fiction au milieu d'une pop beaucoup plus ronde et soignée qu'aux débuts du groupe. "White Eyes" en est un très bon exemple. Notamment avec cette deuxième voix féminine qui complète très bien la voix de Murph.


A noter cependant que les morceaux "Lethal Combination" et "Dip You In Honey", plus anecdotiques, ne brillent pas par leur présence. Les supprimer aurait rendu le tout bien plus épuré et davantage proche du sans faute. Ces derniers cassent un certain rythme installés par les titres précédents et n'apportent pas grand chose à l'ensemble. Certes, le premier ne fait que 2:38 mais n'est-ce pas une raison de plus ? Et le deuxième, sans être totalement vilain reste très simpliste et risque de très mal réagir à l'épreuve du temps.


La galette finit sur un très simple mais en même temps très efficace "I Don't Know Why I Like You But I Do". Un stéréotype de balade pop usant de mélodies assez aigües et aériennes à la guitare qui soutiennent assez efficacement le morceau pendant ces 4 dernières minutes. A noter que le groupe ne se contente jamais d'une mélodie bien trouvée et va toujours chercher le petit détail qui le démarque, que ce soit dans le travail de ces ponts où les arrangements de fond.


Alors oui la trip-hop d'Archive est formidable, le progressif de Steven Wilson est fabuleux et le psychédélisme de Temples nous a fait rêver en 2017. Mais la gastronomie n'empêche pas le hamburger d'exister. Et The Wombats, c'est ce burger maison qui s'apprécie très facilement tout en délivrant une saveur des plus appréciables. Sans doute le meilleur hamburger du groupe jusque là.


Publié sur Albumrock.net

Créée

le 24 févr. 2018

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