1997 fut une année faste pour le black metal norvégien: "Anthems to the Welkin at Dusk", "In Abhorrence Dementia", "Under the Sign of Hell", "Eld", "La Masquerade infernale", "The olden Domain", "Enthrone Darkness triumphant", "Blizzard Beasts", "Through Times of War", "Wolf's Lair Abyss", "Arising Realm", "Nattens Madrigal", "Soknardalr", "In the Shadow of your black Wings" et j'en passe bien sûr -le Burzum notamment, vous comprenez pourquoi...
Toujours est-il que dans cette nuée de sorties de qualité on voit se démarquer quelques électrons libres qui tentent d'extirper le black metal de ses créneaux symphonique ou purement brutal cultivés par la plupart des formations du moment.
Aeternus, tout comme Windir et Bloodthorn, font partie de ses groupes qui ralentissent volontairement le tempo et se tournent davantage vers un black plus atmosphérique et épique.


Le groupe d'Ares se forme à Bergen 1993 et arrive en cette année 1997 sous forme d'un trio avec Vrolok à la batterie et Morrigan -une femme!- à la basse et aux claviers, après un EP prometteur réalisé en 1995.
C'est au studio Grieghallen qu'est enregistré ce "Beyond the wandering Moon", qui sort sur le label Hammerheart.


Après une courte intro au piano, c'est un black sombre et violent que l'on découvre en deuxième plage, tout d'abord rapide et blasté mais ce n'est guère représentatif de ce qui va suivre: avec des influences death metal avouées (son de guitare très grave, voix gutturale), Aeternus évolue dans un registre mélodique et mélancolique, aux mid tempos ternaires majoritaires sur des compos dépassant largement les 6 minutes, temps nécessaire à instaurer ses atmosphères envoûtantes qui nous plongent dans un univers plein de combats, de divinités malveillantes et d'une nature hostile. L'Homme cherche son réconfort et sa force dans les éléments et les esprits de ses ancêtres qui lui insufflent une énergie lui permettant de dépasser sa condition primitive.
La musique d'Aeternus retranscrit à la perfection l'ambiance décrite dans les paroles, laconiques mais sincères et explicites.
Les claviers constituent une réelle valeur ajoutée au même titre que les divers bruitages de feu, corbeau, halètements épars, mais ne prennent en aucun cas le pas sur les plans de guitare, contrairement à leur utilisation dans le black symphonique.
A aucun moment je n'ai ressenti de longueur, ayant été happé d'emblée dès les premières notes de piano et ce jusqu'aux derniers accords de harpe celtique, sur la fantastique outro médiévale.
Aeternus ne cherche pas la démonstration technique ni la vitesse d'exécution fulgurante, mais veille à chaque instant à la clarté de son propos, nécessaire pour transporter l'auditeur dans ce monde immatériel aux sensations synesthésiques.


Une œuvre personnelle et presque intimiste, assurément originale, d'une qualité exceptionnelle. Le groupe évoluera progressivement vers des sphères de plus en plus death metal, ce qui est bien dommage. L'album suivant est également un petit joyau de black épique dans la lignée de ce premier album.

Man_Gaut
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le 23 sept. 2015

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Man Gaut

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