Black Chinese II
Black Chinese II

Album de Câlin (2011)

Vous ne le savez peut-être pas mais le meilleur groupe du monde de Grenoble s’appelle Rien, un artiste à 4 têtes chercheuses qui paradoxalement peut tout. On parlera avec eux de post-rock pour essayer avec un seul mot d’englober tous les ambiances et toutes les pistes empruntées par le groupe. Autant Rien est un groupe de guitares, autant Câlin moitié de Rien (avec Yugo Solo e Francis Fruits), est un groupe de synthés.
Des synthés 80’s en veux-tu en voilà , des synthés pour faire des beats, des synthés pour faire des nappes, des synthés basse pour devenir funk à la manière de Prince (Robot Wigger), des synthés pour singer les guitares héros (Van Halen n’a qu’à bien se tenir sur Le foot c’est le pied), des synthés pour faire musique de film (Carpenter ou Vangelis sur les Filles, c’est du chinois). Les guitares et une vraie basse, reviennent mettre le feu aux poudres sur Love Rainbow dont l’ambiance moite évoquera le Slave to love de Bryan Ferry dans une optique plus trouble (plus slave que love en somme). A l’instar de Rien, la maison mère, il y a du second degré chez Câlin, et même du troisième. Le nom de l’album pouvait nous le laisser présager mais Black Chinese II ressemble parfois à la BO d’une série Tv des années 80 ou à celle d’un film d’action made in Hong Kong de la même période.
On sourit, on n’a même du mal à ne pas réprimer un rire quand des voix de fausset tout droit sorties d’un disque de Poison et son hard rock glam toc (avec maquillage et choucroute garnie sur la tête) jaillissent de Le Foot c’est le pied. Mais attention, Câlin n’est pas un groupe potache mais juste des artistes qui s’amusent à faire se télescoper les références les plus populaires (on n’est plus dans la culture, on est presque dans la sous-culture) avec un élitisme pointu de spécialiste : avec nos joyeux drilles, Cerrone et Aphex Twin deviennent copains comme cochons. Et puis nos amis ont du talent, que ce soit dans le pastiche ou la création pure. A ce titre Don’t worry habibi est un vrai must, une bombe technoîde à coups de rythmique frondeuse et de sons distordus (Warp-ien pourrait-on dire). Le morceau affiche des références à la new wave avec une mélodie à la Depeche Mode et une reprise des célèbres accords de a Forest de Cure modernisés pour l’occasion. La moitié de Rien n’est pas un groupe de zéros, bien au contraire.
Tout le monde aime les câlins, peut-être qu’un jour tout le monde aimera Câlin. Et en plus dans son infinie générosité, le duo, via le site de son label, est prêt à en donner gratuitement à tout le monde.

denizor
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le 7 oct. 2016

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