Ike Quebec – Blue & Sentimental (1962)


Le soleil est là, la chaleur avec, qui impose comme une lourdeur, un goût à ne rien faire, ou alors avec lenteur, comme si le temps passait plus lentement. Toutes les musiques ne vont pas, après plusieurs essais je pense même que la plupart ne vont pas, et qu’il va falloir songer à se laisser guider, et même à s’abandonner au genre qui s’impose, avec évidence.


Ike Quebec sera parfait. Je vous avais déjà parlé de « It Might As Well Be Spring », assez sublime il faut dire, et bien celui-ci n’est pas mal non plus, une distribution avec des stars à tous les postes, Grant Green à la guitare, déjà, Paul Chambers à la basse et Philly Joe Jones à la batterie. Quand on a écrit ça on a déjà tout dit, il peut taper le soleil maintenant, même si la sueur colle à la peau, ça ira !


Les ballades style « Don’t Take Your Love From Me » passeront crème, gorgé du gros son du sax d’Ike, qui charrie les rayons et t’envoie dans un ailleurs « confort », où la paillasse se change en édredon moelleux, les vins se millésiment d’un coup et le monde devient beau, soudainement, comme un avant-goût de paradis…


Puis c’est le « Blues For Charlie », « Parker j’le connais par cœur » chantait le chanteur qui chantait si bien alors, bien qu’il chante encore bien, mais avant il chantait bien encore. Ça arrache un peu le cœur à l’heure où Ike joue son solo, fallait s’y attendre, ces gars-là ils sont forts, ils ont pas leur pareil pour te tirer une larme, et là t’as l’air un peu con, alors tu penses à autre chose, enfin tu t’essaies à une petite lâcheté, de toute façon t’es tout seul, coincé sur cette paillasse avec personne qui te voit, peinard.


Après « Minor Impulse » voici la seconde et dernière pièce signée Ike Quebec, c’est le virevoltant « Like » avec un énorme solo de Grant Green à la gratte, ça tombe bien, un rayon de soleil s’acharne à trouver un passage entre les volets. Derrière, la vie grouille et les femmes sont belles, c’est l’effet soleil, et, dans les champs, les fleurs s’ouvrent aux fertilisateurs…


« Count Every Star », une compo signée B.Coquatrix/S.Gallop déboule tranquilou, encore une ballade, mais cette fois-ci c’est Sonny Clark au piano, Sam Jones à la basse et Louis Hayes à la batterie, c’est le dernier titre de l’album d’époque, mais avec le temps le Cd est arrivé et, avec lui, les plus grandes capacités de stockage, du coup on a encore droit à deux magnifiques bonus.


« The Old black Magic » et « It’s Allright with me » permettent de passer le cap des cinquante minutes, qui, en fait, passent à la vitesse du quart d’heure quand on les écoute en se laissant porter. Ah ! j’ai oublié de vous parler du sublime titre d’ouverture, encore une magnifique version de « Blue and Sentimental » dont se saisit Ike, histoire de nous anesthésier à froid, ça marche à tous les coups.

xeres
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le 20 mai 2023

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