C'était mieux en RDA
6.2
C'était mieux en RDA

Album de Dubmood (2007)

Non, je ne ferais pas de jeu de mot bas de gamme en titre de critique.

Pour sûr c'était pas gagné ce Dubmood. La faute au titre pour commencer. Il y a peu de genres de musiques qui m'insupportent autant que la dub. Trois lettres qui forment un mot au graphisme ridiculement symétrique et qui paraît balloné de tous côtés.
Mais force est de constater que toute cette affaire n'a rien à voir avec le plus lointain cousin de la dub, mais donne plutôt dans une sorte de techno 8-bit.
Je préviens par avance, la techno n'est pas mon domaine, et je m'excuse pour toutes les erreurs que je pourrais commettre et sur lesquelles je vous fais confiance pour me corriger et me remettre dans le droit chemin.

Alors moi la musique 8-bit, j'en boirais pas pendant des heures, mais je dois reconnaître que ça m'amuse bien. Ça parle à l'enfant en moi, ces sortes de partiels de sons qui semblent fuser de partout. J'avais même fait de vagues recherches à un moment pour essayer de me pencher la dessus, avec quelques résultats, mais qui restaient peu convaincants (YMCK surtout). Mais là voilà qu'on m'offre une très sympathique porte d'entrée dans ce monde.
En plus faut reconnaître que là c'est bien orchestré. Rythmé en diable, ça pulse, ça avance, y'a de l'énergie, et on ne s'ennuie pas.
Du côté des qualités, il faut reconnaître aussi un certain sens mélodique. J'aime ces interventions qui fusent de partout, cette déstructuration, où la basse paraît parfois presque plus mélodique que ce que ma formation me fait appeler le soprano, à défaut de pouvoir qualifier ça de mélodie. La voix aiguë en somme.

Pas facile de faire un album entier avec deux gameboys, et là c'est quand même fait sérieusement, ça force le respect. Même si bien malheureusement je n'arrive pas du tout à me rendre compte de la profondeur du travail rythmique par exemple, ça me semble bien ordonné, bien fait, mais j'ai conscience d'avoir la dedans la science qu'aurait un petit bourgeois au XVIIIe en piano.

Une caractéristique de l'album qui me paraît être à double tranchant (ou bien est-ce moi qui ai l'oreille trop inhabituée à cette musique ?) est sa cohérence presque excessive. J'entends par là que si l'on aime un morceau, on est certain d'aimer tous les autres. En effet, chaque morceau entretien une relation avec son prochain qui me donne la chair de poule. Pour sûr, chaque morceau marche bien, et son congénère aussi, ils marchent très bien tous ensemble, reste à savoir si moi aussi. Je soupçonne que la chose soit conçue comme deux morceaux d'ailleurs, répartis en deux "sectors" donc. Reste que du coup ça me paraît un peu longuet parfois. Surtout à cause de l'absence de moments de repos, de morceaux plus calmes. C'est ce que j'aimais bien sur l'album drukhgqsz d'Aphex Twin, ses sournoiseries rythmiques étaient entrecoupées de moments d'apesanteurs qui permettaient de reprendre sa respiration. Une sorte d'équivalent aurait été bienvenu ici.

La seule chose qui m'agace vraiment dans cette musique en fait c'est cette esthétique générale résolument XXIe siècle. J'aurais du mal à l'expliquer, peut être est-ce dû à l'agencement général de la chose, au rythme, ich weisst nicht, mais il est impossible que cet album ait été conçu à un autre moment que durant cette décennie. Et rien à faire, j'ai du mal. Cette influence électro, dance, ou que sais-je, m'est dure à avaler. Je lis ça et là (oui, sur wiki) que Dubmood est alors bien influencé par The Knife, un autre groupe qui fait frémir les hipsters et technophiles de tous bords et qui m'agace particulièrement (pardon Bifibi).

Je laisse à d'autres le soin d'expliquer ce qu'est la chiptune, en quoi Dubmood est un pionnier du genre, autant de questions qui m'intéressent beaucoup mais pour lesquelles je n'ai pas un embryon de réponse.

En tout cas ça reste une belle découverte qui ouvre plus qu'honorablement le nouveau concept Bifibien.
Aussi j'espère que quelqu'un nous mettra une petite rubrique "pour aller plus loin :" à la fin de sa critique.

Et enfin : d'où vient le titre de l'album ?
Adobtard
6
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le 28 janv. 2013

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Adobtard

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