Hard Blues, année 2 : pour le meilleur (Blues) et pour le pire (Hard rock)

1987 et Rory Gallagher sort un nouvel album qui semble coupé en 2 :
- un début marqué par la mouvance Hard rock des 80's, très moyen (Kick Back city, Continental Op),
- les 2 derniers tiers basés sur du Blues, avec parfois des morceaux jouissifs (Smear Campaign, Seven days).

Globalement, il ne change pas la recette qu'il a mise au point à la fin des années 70 :
- autoproduction avec peu d'arrangements post enregistrement. Et donc à l'arrivée un son brut et parfois moyen (cf. sifflements désagréables sur Road to Hell),
- des lignes de basse étouffées qui ronronnent à l'arrière plan,
- des riffs aigus qui font parfois penser à du Scorpion ou du Van Halen dans les séquences Hard Rock. Des solos plus traditionnels sur les titres Bluesy.
On peut cependant remarquer que sur l'ensemble de l'opus, le guitariste a d'ailleurs abandonné ses phrases qui lui sont typiques.

Heureusement transparait majoritairement sa culture blues qui renait de ses cendres après l'introduction Hard Rock de l'album :
- les rythmiques du bon "vieux Rock mâtiné de Blues" (Loanshark Blues ou Seems to me)
- la gamme pentatonique Blues (Smear Campaign)
- l'instrumentalisation à l'harmonica ou au piano (Seven days)
- le thème de l'amour déçu (I ain't no saint ou la reprise Don't start me to talkin, la seule de l'album d'ailleurs)...

Bref un album "Hard Blues" comme AC/DC l'a porté à la postérité.
Mais qui hélas souffre de la comparaison quand le guitariste persévère dans le genre Hard Rock.
D'autant plus que l'auteur Rory Gallagher ne trouve pas vraiment l'inspiration en terme d'écriture. Les paroles restent globalement peu imaginatives (la plaie du Blues qui a perdu son sens initial) :
- Continental Op évoque le thème de l'espionnage, cher à l'irlandais ;
- Smear campaign traite le sujet de la corruption en période d'élection (une référence au conflit Nord Irlandais ?)

Bref un album :
- très intéressant quand Gallagher reste au plus près du Blues qu'il maitrise et sait réinventer,
- très décevant quand il s'inspire du Hard Rock, genre dans lequel sa musique ressemble à un gloubi-boulga de sons.