ESC
7.4
ESC

Album de Zierler (2015)

Le piano comme arme de destruction massive

Du défaut d’avoir un nom de groupe qui commence par un Z: il se retrouve automatiquement en bas de ma liste de lecture. Ce qui est très con, parce que ce ESC de Zierler est un putain de bon album de taré! Attention chérie, ça va poutrer!


Zierler, c’est pour Finn Zierler, claviériste et compositeur danois surtout connu pour sa participation dans le groupe Beyond Twilight et qui là déboule avec un projet de métal progressif quelque part entre Devin Townsend, ELP et du gros symphonique qui tache. Au menu: des musiciens de très gros calibre (notamment l’actuel batteur de Fates Warning, Bobby Jarzombek) et une tonne douze de claviers au bourrinnium enrichi!


ESC compte onze pistes, avec une durée totale de plus de septante minutes. Autant dire que ça ne fait pas dans le bref: même si aucun morceau ne dépasse les neuf minutes, la plupart oscillent entre six et huit minutes. Pour ce genre de compositions, c’est un peu la « zone Bouton d’or »: ni trop court, pour laisser le temps de développer la complexité, ni trop court, pour ne pas lasser.


Ça, c’est pour la forme. Pour le fond, c’est plutôt dans la zone « Wow! » qu’il faut aller chercher ESC. D’une part, ça tabasse sec: grosse production, guitares agressives, rythmique calée sur l’échelle de Richter, orchestrations, non pas un, mais deux chanteurs énervés. La totale!


Et, surtout, il y a le piano de Finn Zierler élevé au rang d’arme de destruction massive (voir l’exceptionnel « No Chorus » ou « You Can’t Fix Me No More »). Ce type-là, il martèle comme un dingue et à une vitesse supersonique; on a l’impression qu’il doit user trois pianos par morceaux et qu’un concours sur scène entre lui et Keith Emerson ne peut que se solder par la destruction de l’univers connu.


L’album ne manque cependant pas de mélodie, au contraire! Zierler flirte souvent avec le métal symphonique ou cinématique (« Darkness Delight », « Dark to the Bone »), avec un goût pour le déjanté, façon film d’horreur des années 1980, comme sur « Evil Spirit » ou « Married to the Cause ». On a même des parties qui ressemblent à du pur prog, avec notamment « Agrezzor » ou le pont de « Rainheart » (ainsi que son rappel, « Water »).


Progressif, symphonique, non conformiste et barré de la tronche à un niveau qui mériterait à lui seul une étude clinique, ce ESC de Zierler a déjà, dès le mois février, une bonne tronche de concurrent sérieux au titre d’album de l’année 2016. C’est rien de le dire que je vous le recommande, à écouter sur des montagnes russes pendant un barrage d’artillerie.

SGallay
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le 21 févr. 2016

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