Ghost of a Child
6.8
Ghost of a Child

Album de Nehl Aëlin (2005)

[...] Et surtout, Ghost Of A Child, c'est surtout sa finalité. Qui représente à elle toute seule pourquoi, par-delà de l'appréhension du format particulier, il est si compliqué à écouter. Le dernier acte composé des quatre derniers titres est le retour à des choses concrètes, un brusque retour à la réalité pour nous conter la fin d'un destin aussi tragique que terrifiant : la mort de cette enfant. Dans « Le Cirque Des Petites Insomnies », on se retrouve de manière plutôt vaporeuse, telle l'âme de cette petite détachée de son corps, dans la chambre d'hôpital, à vivre ses derniers instants sonores, à savoir le son de l'électrocardiogramme, et l'intervention du corps médical qui tente par tous les moyens de la réanimer. Jusqu'au bip continu fatidique et l'énonciation de l'heure de la mort par le médecin. « 17h24 », spirale fanfaronnante cirquesque traficoté avec un ralentissement de la vitesse de lecture, comme pour représenter l'âme définitivement perdue qui se fait happer et emprisonner à jamais dans ces limbes fantasques, qui ne pourront se révéler que plus terrifiantes à partir de maintenant. Pour enchaîner tout aussi rapidement sur « Dead End » et son piano abrupt et tragique, appuyant comme jamais l'horreur de la situation, d'autant plus lorsqu'on entend cette petite fille finir par clamer « I Love You Daddy » comme pour résumer les derniers mots qu'elle aurait aimé dire avant de s'en aller définitivement. Alors que tout le reste laissait de grandes libertés imaginatives, cette dernière partie nous remet sur un terrain linéaire auquel il est impossible de s'échapper en s'imaginant autre chose. C'est comme ça, c'est clair comme de l'eau de roche d'un point de vue sonore et il est littéralement impossible d'y trouver une autre interprétation plus joyeuse. Et honnêtement, ce passage a été, dès la première écoute – et encore maintenant – comme un énorme ascenseur émotionnel qui s'écraserait violemment.


En une dizaine de minutes, c'est vivre toutes les étapes du deuil de manière concentrée, avec énormément de justesse, d'intensité, jusqu'à arriver à en pleurer, véritablement. Cette petite, on a beau savoir qu'elle n'existe pas, on s'attriste de ce sort tragique. C'est qu'au final, même si le voyage au cœur du coma nous est resté énigmatique, on se rend compte que l'on s'y est attachée. Et que, bordel, c'est une enfant, un être innocent qui avait pourtant toute la vie devant elle. Et par-delà de ça, on s'imagine sûrement qu'il pourrait s'agir de notre enfant. Et l'on se met à la place de ces deux parents qui n'interviennent pourtant jamais, qui vivent la mort de leur fille. Et l'on sort du générique final représenté par l'inquiétant « Maze's Escape » aussi dévasté qu'eux. En s'impressionnant de ne pas eu de simples larmes qui perlent la joue mais d'avoir réellement pleurer de chagrin comme s'il aurait été question de notre propre fille. Ce n'était qu'un disque après tout, une histoire fictive, incomplète car complètement dénuée d'images. En cela, Nehl Aëlin est parvenue à offrir une œuvre dantesque. Tout sauf musical tel qu'on le définit certes. Mais putain d'intense et de fascinant. Et si elle impressionnait déjà dans Akphaezya, elle prouve avec Ghost Of A Child qu'elle est réellement une grande artiste.


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Margoth
9
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le 10 nov. 2019

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