"Enfer, ou Paradis ? Oú sommes-nous ? Quel est cet endroit ?"

Dernier album en date de King Diamond, cet album est pour moi son meilleur. Alors, certes, je comprends que certains fans aient pu être déçus par l'absence du chant extra aigu qui a fait la légende, mais il ne faut surtout pas que cela entache la qualité globale ici présente.
Une fois de plus, c'est à un concept album que nous avons le droit, avec une histoire parfaitement ficelée.
King se retrouve en prise avec 2 fantômes d'enfants, une petite fille et son petit frère, lâchement assassiné par leur père qui se suicidera dans la foulée. La petite fille ne veut pas que son frère aille en Enfer, et part donc à la recherche d'une âme pure pour lui offrir. Elle vise donc King qui l'a convaincra que son âme est également souillée, ce qui l'en y désintéressera. Finalement, elle décidera de s'attaquer à l'auditeur...
Une petite intro démarre ce disque et met de suite dans l'ambiance, et ce "tic-toc" issu d'une grosse franc-comtoise, suivi par un orgue bien glauque et la voix susurrante de King, accompagné par son épouse Livia Zita. Ce mini dialogue explique le sujet de l'album durant un peu moins de 2 minutes.
"Never Ending Hill" décrit le lieu de l'action, un manoir avec un jardin dans lequel se trouve un vieux chêne, duquel on peut apercevoir un lac et où le chat aime jouer. La journée s'écoule tranquille, jusqu'à la tombée de la nuit. Niveau musical, c'est du heavy pur jus, avec de courts soli distillés avec parcimonie mais toujours efficacement. Le chant, et ce sera une constante durant tout l'album, est irréprochable (une fois digéré la quasi absence de voix suraiguë, encore une fois).
"Is Anybody Here ?", comme son nom l'indique, est le début du cauchemar pour King, qui a le sentiment que quelque chose l'observe dans l'obscurité. Il aura sa réponse à l'issue d'un solo pachydermique, avec la petite fille qui l'appellera pour le piéger. La musique, légèrement syncopée se laisse écouter encore et encore.. Un chef d'œuvre de cet opus.
La tension ne redescend pas sur le titre suivant, qui voit enfin la voix caractéristique faire son apparition, pour une poignée de seconde ici et là. Un rouleau compresseur est en marche, et personne ne peut l'éviter. Cette fois, King allume la lumière pour chasser un peu l'obscurité, mais celle-ci s'éteint aussitôt. Il cherche donc une bougie, et l'horreur s'épaissit encore.
"Mirror, Mirror" sera la première confrontation entre King et la fillette. Celle-ci lui apparaît dans le miroir et King est pris de panique en réalisant qu'elle est morte. Musicalement, on est encore face à un monument. Le refrain est imparable, l'accélération en milieu de chanson jouissive, les soli tout aussi efficaces. Un réel sans faute !
"The Cellar" voit le sentiment d'oppression s'épaissir en même temps que la noirceur de la cave. King est comme attiré par cette pièce bien qu'il ne veuille pas s'y rendre. La fillette l'y attend et veut s'emparer de son âme. King y réchappe de justesse dans une explosion de notes.
"Pictures in Red" est un interlude de 1m27 oú la tension redescend quelque peu. Le fantôme promet à King d'expliquer sa présence via différentes photos.
"Give Me You Soul", est le single de l'album, le morceau central qui explique l'histoire de ces enfants assassinés par leur père. La batterie se taille la part du lion, mais les guitares ne sont pas absentes pour autant. C'est un morceau appelé à devenir un classique selon moi, si King avait pu le défendre correctement avant son triple pontage coronarien qui l'a tenu loin des scènes plusieurs années d'affilées. Seule la fin, un peu brutale, pourrait apporter un bémol à ce morceau sinon absolument parfait.
"The Floating Head" démarre par un petit riff de guitare, rejoint par la double grosse caisse. Ca sera pour moi le morceau le plus "faible" de l'album, toute proportion gardée évidement. King y allume des bougies partout avant d'être attaqué par une tête volante qui tente de le noyer dans l'évier. C'est peut-être le titre le plus heavy ici présent.
On poursuit avec "Cold As Ice" qui a un petit duel de guitares en son milieu. L'atmosphère se rafraîchit, la fillette voulant endormir King de froid pour arriver à ses fins.
"Shapes Of Black", avec sa ritournelle entêtante, ne sortira plus de votre crâne. La mélodie vocale y est également notable. On sent la folie doucement s'emparer de King au fur et à mesure que l'obscurité gagne du terrain. Sa dernière bougie mourra avec cette chanson. La confrontation finale approche..
"The Girl In The Bloody Dress" est un autre joyau de metal ! Je ne pourrais être que dithyrambique là encore ! La fillette plonge dans l'âme de King et s'aperçoit qu'elle est pleine de pêchés, ce qui ne rendra pas service à son frère. L'aube va bientôt arriver, elle doit donc se dépêcher de trouver une autre âme.
"Moving On" sera un duo entre King et Livia, démarrant par une intro acoustique. La fillette réalise qu'elle est sur le point d'échouer et pleure en imaginant son frère en Enfer. L'atmosphère y est mélancolique, (je vous défie de pas avoir de frissons) avec une accélération en son milieu, lorsque King la secoue en lui disant qu'il n'est pas trop tard, mais qu'elle doit partir maintenant. Le disque se clôt sur la fillette décidant de se diriger vers la maison de l'auditeur.
Au final, pour moi, c'est un monument du heavy metal, une pièce maitresse dans la discographie pourtant riche de King Diamond, un must have de la décennie 2001-2010 ! Avec ses problèmes de santés, je ne sais pas si on aura la chance un jour de recevoir un autre album de King Diamond. Mais si ça carrière discographique devait s'arrêter avec "Give Me Your Soul, Please", il n'aurait certainement pas à en rougir.

Shubby
9
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le 7 nov. 2016

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