Glad Music par J. Z. D.

Bon, faire sa critique est dernier c'est à coup sûr ne pas être original ; et ça tombe bien de ne pas être original quand on critique Glad Music, je ne crois pas trop à ma Glad Critic même avant de commencer, du coup que dire. C'est une grande soupe, très grande, très épaisse et bien nourrissante, miam, de la guitare folk, oh du gospel, ou de la grosse guitare qui gratte, oh, de la pop toute douce ; parfois, dedans il y a des morceaux assez bons, un souvenir de David Bowie, une touche de Pink Floyd, oh, les Beatles forcément, mais bon, en 1986, ça a surtout le goût d'un bon souvenir, ce qui est bien, mais pas top, mon grand père vous expliquerait mieux que moi le goût des souvenirs, mais il est mort, alors tant pis. Et puis, il y a des grumeaux, des morceaux qui ont brûlés dans le fond du plat, ou peut-être qui n'aurait jamais du être dans la marmite.

D'façons, ma grand mère, elle dirait chacun ses goûts, et dans un grand buffet comme ça, ça se voit tout de suite, impossible de mettre une grosse note à ce plat, la première étoile au guide Michelin demande quand même une volonté, et une belle part de hasard, c'est pour le mec qui aime tout, le gourmand qui se repaît du festin musical ; je suis étonné d'avoir trouvé de vraiment sale note - mais moumoute a tout l'air d'un extrémiste sous sa moustache - un type qui passe de dix à deux sans se faire chier au milieu ; quoi qu'il en soit, les puristes seront d'accord avec lui, quelle vie dans cette histoire ? Au moins la tarte tatin a une histoire, le poisson à sa place entre les fruits de mer et la première viande, mais là, que faire ? Qu'aimer ? Tout ça se mélange dans notre estomac, et on digère au hasard, sans logique ; on pourrait en perdre le goût, sombrer dans le dégoût, mais non, pas moi, j'ai le ventre solide - enfin j'y travaille - c'est un album tellement medium, j'hésitais à dire médiocre tandis qu'un son proto-hip-hop se glisse dans mes oreilles. Pas mal, mais tellement perdu, et ça part en grunge.

Tout ça est bien, donc, parfois, selon les goûts. On peut aimer, ou détester donc. Mais ça semble assez inutile, c'est typiquement l'album qui traînera entre Cinque et Sète, dans une mer d'oubli. Et d'ailleurs, pile au milieu, il y a six, la note parfaite du pic-assiette, qui picore à volonté mais sans conviction, pas envie de rentrer, pas envie d'faire l'effort d'écouter autre chose, c'est un peu comme une radio devenue libre, et c'est chouette mine de rien, une telle liberté.