Ça, ça a de la gueule.

Je ne sais pas si Rustie est un nom qui se murmure beaucoup, dans le milieu de l'électro. Je ne l'ai vu dans aucun de ces mixs que je parcours à la recherche de LA perle (ou p'têt un ou deux, mais c'est loin d'être Ten Walls qui squatte un peu partout dans les mixtapes de minimale), seules trois personnes, dans mon entourage, connaissent son nom (dont celui qui me l'a fait découvrir, bénis sois-tu) et je ne l'ai vu à l'affiche que d'une seule chose, le N.A.M.E. 2013.

Et pourtant, Rustie, tout le monde devrait avoir en avoir entendu au moins un son, au moins une fois dans sa vie. Parce que c'est un de ces artistes qui a son identité, la sienne, dont le répertoire de sons est novateur et loin des chemins gentiment tracés.

Il a une façon de couper le rythme, de le faire revenir, bondir, de s'emparer des foules qui est unique. Rustie hypnotise les foules par son énergie enflammée.

Bon, "Glass Swords", c'est un peu vieux. Ce CD date de 2011, mais permet de comprendre l'anatomie des sons de Rustie. "Green Language", sans nul doute, est plus mature. On sent l'expérience et l'envie de grandir (aucune collaboration, dans "Glass Swords", alors qu'on en compte trois dans "Green Language"). Mais "Glass Swords", c'est ... Rustie. Le premier album d'un artiste, c'est un peu ses premiers pas, y'a cette émotion qui fait sourire bêtement et ce "souviens-toi" qui colle aux lèvres.

Pour répondre à ce qu'on me dit parfois ... Rustie utilise des sons "trap"? Oui, messieurs-dames, mais dilués. Parce que bon, "Rustie", ce n'est pas de la trap (ou du trap, mas peu importe, ce débat est futile). Si certains sites le classe dans "Electronic" (comme tous ces artistes qu'on ne sait pas vraiment classer), SensCritique aligne les genres (glitch, hip-hop, electro, bass-music et j'en passe). Pourquoi ? Parce que la musique de Rustie est pleine de références. Il ne s'enferme pas dans un genre, afin de pouvoir développer les atouts d'une multitude de genres. Ainsi, "City Stars" apparaît comme un son trap ... avant l'heure (l’avènement de ce genre étant assez récent, remplaçant le dubstep sur la scène des "sons électros qui te vident de toute énergie").

On sent que c'est très instrumental, pas de doute là-dessus. "All Nite" et "Glass Swords" sont remplis de sons qu'on connaît, issus d'instruments et non de grosses machines. Voilà qui disparaîtra avec "Green Language".

On trouve, dans "Glass Swords", cette façon d'hachurer le son, de le découper, de le faire partir, puis revenir. C'est très séduisant.

Autre remarque : les sons de Rustie sont courts. Ce n'est pas du Boris Brechja qui dure 12mn, et ça n'a rien à voir avec la norme, dans l'électro, qui estime qu'un son doit durer environ 6mn. Non, là, on a entre 1mn18 et 4mn34 pour apprécier une musique. C'est perturbant, ça peut paraître très frustrant, mais ça ne donne que plus de corps aux sons. Ils deviennent instantanés. Et puis, on a pas le temps de s'ennuyer et d'attendre que la musique démarre, que l'intro passe (tout en maugréant "Nan, mais après, ça démarre, attends"). C'est immédiat. E ça participe à cette énergie fulgurante que l'on retrouve partout dans cet album.

"Death Mountains" et "Hover Traps" sont, à mon sens, les deux meilleurs sons de cet album. Ils résument l'univers de Rustie, sa façon de traiter le son et le rythme. En live, ses musiques prennent de l'ampleur, et c'est magique. La musique de Rustie est double. On peut l'apprécier sur ses enceintes et bien comprendre sa musique, mais en live, putain ... Là, c'est autre chose. Tout devient monumental. Tout claque. Ouais, c'est ça, ça claque.