Ce n'est pas un hasard si ce trio d'Ecossais a choisi comme nom un quartier de San Francisco connu c

Ce n’est pas un hasard si ce trio d’Ecossaises a choisi comme nom un quartier de San Francisco connu comme repère d’indécrottables hippies. The Ashburys c’est les Bangles sous LSD et c’est bien. Il est vrai que les voix sucrées de Kirsty et Jennifer vont toujours ensemble, comme un vrai girl band à la pop mélodique et fleurie. Mais attention, dans ce trio 100% féminin (les Mamas without Papas), c’est la troisième de la bande, Scott, qui amène la touche finale qui donne l’alchimie Haight-Asbury. Multi-instrumentiste, elle dresse un mur de guitares hallucinogènes et n’oublie pas d’y associer un sitar (dès l’ouverture Maastricht, a treaty). Et comme Jennifer joue autant de la batterie que du tambourin, on quitte tout de suite, dans une vraie faille spatio-temporelle, l’Ecosse, les années 2000 et la pop dite mainstream. A se demander quelles substances illicites a pris ce charmant trio pour s’épanouir ainsi dans un psychédélisme transcendantal et hédoniste (pour un plaisir partagé entre elles et nous) ? L’ensemble est souvent musclé avec une rythmique lourde et des couches de guitares shoegaze (Sophomore, freelove, Buffalo store) et il est en permanence totalement halluciné ;


les sons vibrent à foison touchant du doigt les mystères de l’Asie et rappelant ainsi Jefferson Airplane, Grateful Dead ou les plus récents Dead Meadows. Même la folk de Ta wit ta Woo s’emballe dans une festivité païenne. Même un morceau qui respire comme Hole in the Ground se pare de toutes ses sonorités intrigantes et mystiques. C’est d’ailleurs dans ce contraste entre voix de filles douces émergeant d’un halo presque religieux et cet agrégat sonore complexe, bourré de larsens, de distorsion et de vibrations, que réside tout l’intérêt du disque. On avait déjà connu cette dualité entre mélodie limpide et guitares saturées – les titres de Haight Ashbury pourraient évoquer Juliana Hatfield ou Veruca Salt). Mais cette touche psychédélique donne sa vraie valeur au trio et sauve même quelques titres plus moyens (She’s so groovy 86, Love Haight and Ashbury avec piano et ligne de chant béât) qui sans ce traitement inspiré auraient été franchement mièvres. Découvert avec Here in the golden rays featuring the new sound, The Ashburys est un deuxième bon album à mettre à l’actif de ces drôles d’Ecossaises.

denizor
7
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le 19 juin 2012

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