Us 3 – Hand On The Torch – (1993)
Us 3, ou le mariage plutôt réussi du rap et du jazz, nous sommes en quatre-vingt-treize et Miles Davis a clamsé depuis un an, quand sort « Doo-bop », qui pourrait être une sorte de modèle, mais il ne faudrait pas oublier « Trible Called Quest » et d’autres encore…
Ils sont anglais et ont élaboré un répertoire à base de samples et de classiques du jazz, issus du label « Blue Note », pour lequel ils enregistrent également. En effet Us3 signa sur le prestigieux label, car ses dirigeants menaçaient de les poursuivre pour plagiat, le groupe ayant sorti des enregistrements qui ne laissaient aucun doute sur la provenance, ils acceptèrent donc un arrangement avec Blue Note qui satisfit les deux parties.
Le titre d’ouverture, « Cantaloop (Flip Fantasia) », qui fut alors un tube, en est un bel exemple, créé d’après le fameux « Cantaloup Island » de Herbie Hancock il contient également la géniale introduction de Pee Wee Marquette et sa voix si particulière, en provenance de « A Night in Birdland, Vol. 1 » du Art Blackey Quintet.
Côté rap ils sont deux, Rahsaan Kelly et Kobie Powell, mais il y a également des furieux du jazz qui jouent avec eux en live, le trompettiste Gerard Presencer, le guitariste Tony Remy, le tromboniste Dennis Rollins, le pianiste Matt Cooper et les saxophonistes Ed Jones, Mike Smith et Steve Williamson, de quoi fournir un bon environnement bien enivrant. Le nom de la formation trouve sa provenance dans une pièce intitulée « Us Three » enregistrée par Horace Parlan et son trio pour Blue Note, en mille neuf cent soixante.
On peut signaler également le très bon « Tukka Yoot’s Riddim » de Larry Robinson, sorti en outre au format Maxi-Single, toujours sur « La Note Bleue ». Il y a également « Lazy Day » d’après Bobby Hutcherson dont on a samplé le groove en arrière-plan, avec Powell, et la chanteuse Marie Harper qui apporte l’Afrique dans sa voix, servie avec un bon sax ténor d'Ed Jones.
Sans oublier « Eleven Long Years » avec l’éternel « Song For My Father » d’Horace Silver couplé avec « Blind Man, Blind Man » d’Herbie Hancock, ou encore le fantastique « Different Rhythms Different People » avec la partie vocale issue de « Art Blakey’s Comment On Ritual », ainsi que du célèbre « At The Cafe Bohemia, Vol. 2 » par les Jazz Messengers.
Bien que tout ne soit pas mémorable, avec l’oreille d’aujourd’hui, l’album a méchamment cartonné à l’époque, fournissant des paquets de tune à Blue Note qui s’est bien gavé, de quoi investir dans de nouveaux projets. Il conserve cependant un charme particulier qui pourrait attendrir même ceux qui font connaissance aujourd’hui, car ce jazz-rap avait tout de même un son unique, avec cette énorme formation tout autour.
La dernière pièce, « Darkside », nous dit au revoir en nous laissant un incontrôlable goût de « Revenez-y » …