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Album de Reviens (2016)

Ma découverte de ce groupe remonte à mars 2011, lors d’un concert au Soap Box de Nancy avec les toulousains de Charly Fiasco. Il me semble que c’était le (ou alors l’un des) premiers concerts de la formation. Les trois compères devaient alors à peine être majeurs, ils avaient même participé à un tremplin étudiant qui les a fait jouer au Zénith. Depuis, Reviens a claqué un album en 2013 et un second en octobre dernier. Deux sur trois jouent même désormais dans P.O.Box.


En écoutant ce nouveau skeud, je retrouve les éléments qui m’avaient déjà marqué en live à l’époque : le groupe affirme son style assez particulier, quelque part entre punk-rock désabusé et hardcore sauvage. Le chant hurlé de Julien envoie une quantité folle de texte sur une rythmique rapide et marqué de nombreux breaks. Les paroles sont souvent noires et abstraites. On y dépeint une société en perdition et des combats perdus d’avance. De mon côté ça marche plutôt bien sur Entre l’enfer et la raison ou l’excellent Uniforme, mais j’arrive plus à suivre sur Tout finira à la bonne heure. La poésie est, à mon avis, un peu trop présente par moment, et peut faire décrocher les amateurs de contenus plus terre-à-terre. Ce n’est pas pour autant bâclé ou mauvais !


Un autre gros point fort de la galette réside dans les mélodies et rythmiques. La guitare d’Alexis est blindée de petites mélodies tantôt blues ou jazzy (genre dans Stoner), tantôt assassines et hurlantes. Elle représente à mon sens assez bien l’hybridité du genre de Reviens. J’en prends pour preuve l’outro de Médiocrité que je trouve absolument fabuleuse. Dans le registre de la rythmique, Nico à la batterie n’est pas en reste et balance du lourd tout au long de l’album (la succession de roulements et l’alternance des parties dans Cent ans par exemple me souffle). Je l’ai pas mentionné encore, mais la basse est de très bonne facture, avec des lignes bien senties, des petites mélodies bien amenées ici et là. Elle est ceci dit peut-être un peu moins dévergondée que sur le premier opus.


Cette partie rythmique était un petit peu le point perfectible du premier album : les trublions en faisaient juste trop. Trop de coupures, trop de breaks, un style un peu trop découpé qui empêche de bêtement hocher de la tête tout au long d’un couplet. Ici on se pose un peu plus, les enchaînements sont plus logiques, les titres sont simplement plus cohérents. C’est un peu le tour de force de Reviens, qui en deux albums arrive bien à imposer sa patte. Ce qui pouvait intriguer sur le premier album s’avère être la marque de fabrique de l’orchestre dans le second. On assiste à un exercice bien davantage maitrisé et assez unique dans son genre.


En terme de plaisir, j’ai juste quelques petites retenues parce que toute cette veine hardcore me procure moins de kiff, ou que les textes ne transcendent pas systématiquement, mais je trouve que le groupe a fait quelque chose de beau et ô combien respectable en peu de temps. Si je n’accroche pas à tout, c’est par simple question de goût, et pas par maladresse du groupe puisque l’ensemble est très cohérent et abouti. Je pense honnêtement que Reviens mérite plus de visibilité et a facilement sa place aux côté des machines bien rodées que sont les Mon Autre Groupe et autres Wank for peace (rip).


Reviens c’est le turfu.

Tikoud
8
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le 18 févr. 2017

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