If We Get There One Day, Would You Please Open the Gates? par Stéphane Gallay

Le moins qu’on puisse dire avec Leech, c’est qu’ils ne se pressent pas pour faire des albums: If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates? est leur quatrième en quatorze ans. Normal, me direz-vous: ce sont des Suisses! Ha, ha, humour. Bon. En même temps, celui-ci et le précédent sont vraiment bien foutus, ce n’est donc pas très gênant.


Leech est donc un groupe de post-rock suisse (rien qu’au titre de l’album, on aurait pu s’en douter), dans la lignée d’un God Is An Astronaut, chose qui éveille tout de suite chez moi un intérêt certain. Leur précédent album, The Stolen View, avait fait plus qu’attirer mon attention à l’époque.


Il y a plusieurs écoles de post-rock et celui dont s’inspire Leech est plutôt du genre planant, avec de grosses ambiances hypnotiques qui soulignent des parties plus épiques et des morceaux instrumentaux plutôt longs (dix en tout, pour septante-sept minutes de musique; rien que).


Premier morceau, « Turbolina » fait penser à une version modernisée de l’intro de Blade Runner (celle qui passait en ouverture de la tournée Somewhere In Time d’Iron Maiden; ah, souvenirs…). Les neuf minutes de « Echolon » prolongent l’ambiance science-fiction sur un ton de prime à bord plus calme, avant de se terminer en apothéose. Le même schéma se répète d’ailleurs un peu sur « March of the Megalomaniacs », qui conclut en fanfare (mégalomane) ses onze minutes après un début tout en douceur.


« Hands Full of Hearts, Hearts Full of Stones », qui tape également à onze minutes est un morceau plus calme, sans conclusion tonitruante cette fois. Même calme pour « Anthracite », le plus court de l’album avec trois minutes. Ce n’est que temporaire et « October » revient avec six minutes de noirceur et de gros son saturé, suivi par l’énorme « Gravity Head », à la fois planant et râpeux sur près de neuf minutes.


« Amazing Hog » poursuit sur la même lancée: plus de dix minutes d’un morceau plutôt calme, mais avec un final très lourd; c’est un peu la marque de fabrique de Leech, en y repensant. Petite pause avec le bien nommé « Nearly There », avant-dernier morceau de l’album, avant le final « Endymion », lui aussi en apothéose.


En fait, (copier-coller) If We Get There One Day, Would You Please Open The Gates?, Leech ne nous propose pas tant un album de post-rock que la bande-son d’un film de space-opéra à grand spectacle. C’est à la fois sombre et lumineux, lourd et planant, grandiose et minimaliste. Bref, c’est un grand album – et pas seulement par sa longueur. On peut d’ailleurs l’écouter et l’acheter sur Bandcamp pour la bagatelle de €10; au prix où est le franc suisse, c’est pas cher.

SGallay
7
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le 30 avr. 2015

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