Image au mur
6.7
Image au mur

Album de Grand Blanc (2018)

Malgré une tournée auprès du groupe Indochine qui les aura confortés dans leur besoin de produire une musique mélancolique et quelque peu alarmiste, le quatuor revient pourtant avec « Image au Mur », un second album un peu plus solaire, beaucoup plus maîtrisé et ô combien chargé d’espoir que son prédécesseur, le néanmoins accrocheur « Mémoires Vives ».


Trois singles pour mieux brouiller les pistes. Voici comme Grand Blanc a orchestré son retour, en choisissant de publier en guise de premier extrait le titre « Ailleurs », autrement dit le plus long du disque et ses 9 minutes 57 secondes d’une pop mystérieuse et avouons-le déconcertante. Ben, auteur du titre, apporte une explication auprès du magazine Maze : « Il y a dans « Ailleurs » la vraie méditation de cet album, qui est d’une part « le monde, c’est de la merde, alors on se barre tous les quatre pour aller faire de la musique, parce que c’est le meilleur truc du monde » et en même temps « est-ce qu’on peut avoir quelque chose de sincère et de conséquent à dire aux gens dans le vrai monde, tout en s’évadant ? ». On l’a sorti en premier parce qu'à la fois sa forme et son texte étaient une réflexion sur ces deux questions. »


En guise de second et troisième single s’ensuivent alors deux déclarations d’amours contrastées à « Belleville » et « Los Angeles », dont la dernière fabuleusement mise en image par Valerian7000, graphiste à l’origine de certains des visuels de Buvette, de Owlle ou encore des Tshegue. « Parce qu’à Belleville on trompe la mort, même si on vend l’amour. Et tu donnes l’amour, de ceux qui n’ont pas d’amour, à ceux qui n’ont plus d’amour, et moi j’ai besoin d’amour » scande le groupe à propos du célèbre quartier parisien tandis qu’il veut « brûler Los Angeles », la ville chargée de promesses et d’ivresses mais où sifflent aussi « les balles perdues ». C’est d’ailleurs le morceau le plus représentatif de l’album : ou comment une jeunesse désabusée par les événements sur lesquels une emprise est de toute façon illusoire tente néanmoins de sortir du noir et d’en éclairer le chemin. « C’est juste qu’il n’y a pas beaucoup de groupes qui abordent des interrogations telles que « où est notre place dans le monde ? », le fait de pouvoir être inquiet, parfois triste. C’est intéressant de voir des gens qui aiment se réunir parce qu’ils ont du respect pour la mélancolie, parce que c’est pas très vendeur la mélancolie. »


On regrettera sans doute quelque peu les paroles maladroites, voire niaises et les rimes forcées, tout de même assez bien ficelées dans une punk-pop pêchue et qui rappellera au bon souvenir du premier disque. Ben s’en expliquant de la sorte : « On est encore capable de jouer les morceaux de Mémoires Vives (...) sombres et énervés, mais ce dont on avait envie était aussi de faire un album et des chansons qui fassent du bien à répéter. On n’a pas voulu simplifier notre propos, mais par contre faire un disque qui ait une énergie positive (...) et qu’on pourrait jouer un an en tournée sans problème. »

JakobRajky
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le 9 janv. 2019

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