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"La liberté manque grave d'empathie"

Si je dis pas de bêtises, ça fait environ 13 ans que les Guerilla tournent. Depuis Dégoûts et des couleurs, moult chemin a été parcouru. Les formations se sont succédées, et chaque nouvelle sortie correspond assez bien à chaque line-up, avec un son à chaque fois bien particulier. Du coup, au fil du temps et des albums, leur style s'est pas mal affiné.
Depuis 2014, Till est accompagné par Paul à la batterie (qu'on retrouve dans pas mal de projets, et notamment guitariste chez Stygmate) et Antho à la basse (entre autres batteur pour les bordelais d'Intenable). Si je ne m'abuse, la seule galette sortie par les trois collègues est le split Living black spots avec Arms Aloft. Guerilla Poubelle n'a pour autant pas chomé, vu le nombre conséquent de dates enchaînées depuis 2014.
C'est donc curieux que j'apprends la sortie d'un 4 titres pour début juillet 2016. Curieux d'entendre comment sonne ce nouveau Guerilla Poubelle et donc curieux de savoir si on reste dans l'atmosphère de l'excellent Amor Fati et de Tâches noires vivantes.


Ca n'a pas manqué : c'est cool. C'est même franchement réussi.
L'EP ouvre sur La substance. Et là, bonne claque. La construction du morceau est terriblement efficace. La basse donne une super couleur au riff du morceau, que ce soit dans l'intro, les refrains ou les ponts. La cohérence instru/paroles est vraiment bonne, en particulier pour les



N’importe quelle joie, n’importe quelle peur, n’importe quel échec, n’importe quelle danse. Est-ce que tu crois qu’on s’intéresse à la souffrance?



qui donnent une envie folle d'être hurlées en concert. Je pense que depuis Carcassonne, ou le plus lointain Tapis roulant, c'est le titre qui m'accroche le plus d'emblée, dès la première écoute. Un bon titre de plus de 3 minutes, bien rempli et avec plein de bonnes choses dedans en somme.


Ca continue avec Le pour et le contre. Une belle chansonnette qui alterne deux accords fondamentaux pendant les couplets. La rythmique de Paul et cette structure d'accords à la guitare me rappelle directement Stygmate. Tiens tiens, comme par hasard ! J'imagine facilement ce titre chanté par David. Encore une fois Antho remplit très bien le morceau avec sa ligne basse, et donne une teinte assez mélancolique (qui n'est vraiment, mais alors vraiment pas pour me déplaire). Le titre, malgré la description simpliste faite en première phrase, reste bien pêchu et entraînant avec ses silences successifs et ses petites variations de rythmes bien senties entre les refrains et les couplets.


Les ruines arrive ensuite. Son intro me fait cash penser à Sans dieu ni maître, présent sur le précédent EP du groupe. C'est un titre court (moins d'une minute), mais qui présente pas mal de nouveautés par rapport aux autres titres concentrés qu'a pu faire Guerilla (Punk Elite über alles, Le travail rend libre ou donc Sans dieu ni maître, pour viser large). L'instru est toujours rageuse avec un Paul toujours plus bourrain sur les fûts et un Antho bien inspiré sur les dernières mesures du morceau, mais pour une fois Till ne hurle pas ses quelques lignes. Ca change toute l'atmosphère du morceau, le refrain est carrément mélodique, et c'est une petite révolution dans les pépites de 60 secondes qui parsèment ici et là chaque opus de Guerilla Poubelle désormais.


Le duo basse-batterie entame alors La place du mort. Quand le gros slide de la gratte arrive, c'est le feu, on s'imagine la salle de concert moite, les murs en sueurs, s'embraser une dernière fois pour conclure un set déjà bien remuant. Le tout redescend pour mieux exploser en deuxième partie pour un outro instrumental du plus bel effet. On voit pas le temps passer sur ce titre, j'ai une envie incontrolable de cliquer sur "Repeat" pour relancer la machine. J'en oublierai presque les paroles définitivement justes et actuelles du morceau, qui ne sont pas sans rappeler Génération.



L’opinion impudique se torture, mais qui s’arrête sur le bord ? Certains drames révèlent des ordures
enfouies à la place du mort



[...]



Les penseurs de bistro n’ont plus besoin de bistro, Gavroche s’est offert un iPhone et un abonnement d’un an au figaro



Ce titre cloture en beauté cette série de 4 morceaux.
J'espère honnêtement que La substance et La place du mort figureront parmi les titres récurents du groupe (comme Pas de bonnes raisons, lui aussi issu d'un EP). Ils en ont largement les moyens vues la puissance et l'efficacité dégagée par ces morceaux.
J'espère aussi que cet EP, à l'image de Dégoûts et des couleurs pour Il faut repeindre le monde... En noir, et C'est pas comme si c'était la fin du monde pour Amor Fati, fera office d'introduction et d'avant-goût à la prochaine oeuvre majeure des Guerilla.
Ce que font nos parisiens préférés en ce moment est de très bonne facture, et ça ne peut qu'annoncer du lourd pour la suite. J'ai grave envie de revoir ce groupe et leurs bonnes bouilles, et ces 4 titres me font kiffer autant qu'ils m'impatientent de découvrir les prochaines aventures du groupe.

Tikoud
8
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le 12 juil. 2016

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Tikoud

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