chronique écrite en 2008
La fameuse critique parue dans le New York Times il y a quelques mois annonçant la fin de la culture française a du plomb dans l’aile : Nouvel avec le prix Pritzker, Le Clézio avec le Nobel ont mis quelques entailles dans cette prédiction hâtivement annoncée. Dans une moins large mesure, le cas Marianne Dissard est significatif d’une culture forte et particulièrement retord. Imaginez : la Française vit à Tucson, Arizona depuis 15 ans et que croyez-vous qu’elle fasse ? Elle chante en français : totalement ; d’une voix grave très française, telle une Juliette Greco prenant de la hauteur sur tout ce qu’elle touche. Plus fort, Dissard amène dans son sillage Joey Burns de Calexico (co-auteur d’une bonne partie des chansons). Ce pouvoir d’attraction est tellement grand que ces musiciens du Far West se prennent parfois pour Django Reinhardt et Stéphane Grappelli (Les draps sourds) ou s’essayent à l’accordéon (Les draps sourds (waltz).
Cependant, les titres les plus intéressants de Marianne Dissard sont ceux qui emmènent dans cette francité éternelle un univers musical pour le coup américain : un mariage de deux cultures qui fonctionnent très bien sur L’embellie ou les hantés Le lendemain et Merci de rien du tout. Une même musique « entredeux » qui rappellera l’incontournable Barbara Carlotti (je parierai que les deux jeunes femmes sont aussi fans des Zombies l’une que l’autre) et surtout évoquera Naim Amor, autre Français émigré à Tucson. Et on ne croit pas si bien dire : Marianne Dissard a participé à l’album de Naim et en retour, celui-ci a co-écrit 3 titres avec la Française. Juste retour des choses de la part de deux artistes empruntant un même chemin. Peut-être Marianne s’en sort-elle un peu mieux que Naim Amor ? Affaire de goût… Dernière bizarrerie, cet album sort sur un label Allemand réputé francophile. Quelle drôle de planète !