Le quattro stagioni (Il cimento dell’armonia e dell’inventione Vol. 1) par Erw

Moi j'étais comme tout le monde voyez-vous. J'ai écouté les Quatre saisons, et vous savez, c'est un peu vieillot. Mais j'étais bien obligé de les apprécier pour faire valoir ma culture, et puis on peut pas réellement les dénigrer, c'est quand même pour la plupart des pièces vachement entraînantes. Même si on les aime sans réelle conviction... Le problème pourtant, c'est que maintenant je sais que Vivaldi est un génie. On ne peut pas passer outre ce fait, même avec une très grande volonté. L'autre problème enfin, c'est que même avec une très grande volonté, vous ne trouverez que rarement une once de génie dans toutes les interprétations bouches-trou du printemps bonnes à être utilisées dans les salles d'attente ou comme sonnerie de portable.


La version Il Giardino Armonico des Quatre saisons a un gros défaut, c'est qu'après l'avoir écouté, vous ne pouvez plus revenir à d'autres versions sans les descendre de manière hautaine. (Mais peut-être est-ce moi qui suis un connard de nature ?) Cependant, l'expérience se vaut je vous assure.


Pourtant très franchement, je ne suis pas fortiche pour ce qui est de distinguer une bonne interprétation d'une mauvaise, je laisse la tâche à des gens plus compétents. Mais ici, on est au-dessus de tout ça, je vous le promet, la différence de niveau sera notable même par le petit gars qui n'a écouté Vivaldi que d'une demi-oreille. Ma première impression de Il Giardino Armonico a été une démente envie de crier au scandale. J'avais cette profonde impression que toute ma vie n'était qu'un mensonge, comme si tout le monde avait conspiré pour faire en sorte que Vivaldi soit considéré comme de la musique chiante bon à mettre au placard...


Que faites-vous quand vous ne connaissez rien en musique classique, que vous êtes plein de bonne volonté et que vous tombez sur les 4 saisons ? Vous trouvez le premier mouvement du printemps, puis le fameux presto de l'été supra-génial. Le reste est pas désagréable, un peu chiant par moment. Allez. Mais ce groupe de musicien spécialisé en musique baroque m'a fait découvrir quelque chose que je n'avais jamais vu : il y a des largos et des adagios que les gens passent et oublient allègrement qui sont d'une profondeur et d'une subtilité incomparable. Et pour ça, je lui en serais toujours reconnaissant. Jamais le deuxième mouvement du printemps et de l'été ne m'ont tant impressionné, jamais le troisième mouvement du printemps n'avait été empreint d'une telle mélancolie, jamais le presto de l'été n'avait été aussi puissant et subtil à la fois, jamais le deuxième mouvement de l'hiver n'avait été aussi fluide. De manière générale, jamais les quatre saisons n'avaient eu un tel relief, les contrastes y étant tellement bien marqués, le jeu y est passionné... Aucune fausse note, rien. Les "longueurs" qui m’empêchaient de considérer les quatre saisons comme une grande œuvre. Tout a disparu. Les quatre saisons m'ont littéralement pris au tripe.


Et le plus génial, c'est que Il Giardino Armonico transcende toute la musique baroque. Leur version des bons vieux Concerti Grossi d'Haendel étant toute autant épatante.


Petit exercice donc si jamais vous êtes curieux, voici deux versions de l'été toutes deux très respectables.

http://www.youtube.com/watch?v=D5hCGaOWdwE
http://www.youtube.com/watch?v=KYfNaL9lODs

à vous de trouver laquelle est la plus haute en couleur.
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le 11 août 2013

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