Mais j'aime Led Zeppelin.

J'ai longtemps craché sur cet album... Peut-être un peu à raison, d'ailleurs.

Beaucoup l'adulent, lui baisent les pieds, lui font un massage de la voûte plantaire tout en lui donnant la becquée de délicieux nachos trop gras.

Mais je dit graisse (oh, jeu de mot).

Tout cela souvent par le seul prétexte d'avoir en son sein le Mirifique, Le Pharaonique, que dis-je, le Saint-GRAAL de la musique du siècle dernier; (Il faut m'imaginer lever les yeux au ciel en disant ça.) "Stairway To Heaven"!

Aussi ai-je été, premièrement agacé, deuxièmement très déçu. Cela vaut pour ce morceau en particulier, mais j'ai ressentis la même chose pour l'album en général. J'en attendais à la fois trop du fait des louanges qui m'en avait été conté, tout comme je cultive un agacement presque viscéral pour toute chose qui semblent être brillantes au-delà du raisonnable. Et puis j'avais simplement adoré les précédents opus, surtout le Ie et le IIe, qui ont étés pour moi des classiques instantanés!

"Quelle déception! Ils ont tellement, tellement fait mieux..."

Bref, mes premières écoutes étaient... Salées.

Mais j'aime Led Zeppelin.

Alors, après le grand tour de la discographie, j'ai voulu en refaire un petit dernier, et je suis fatalement retombé devant ce IVe épisode. Et... C'est pas mal, en fin de compte. Je n'en suis toujours pas transi de passion... Mais il faut lui reconnaître des qualités.

Les choses qui étaient déjà bonnes n'ont pas changées: "Black Dog" continue de casser des culs par rangées de douze et "Rock And Roll" défoule bien. La chanson "When The Levee Breaks" est de ces fermetures d'albums dont certains passages te reste en tête pour des dizaines de minutes après écoute tant ce morceau emmène loin. Ce morceaux (avec "Rock And Roll") dissémine çà et là des restant des racines blues qui avait fait le succès des précédents albums, mais le groupe les déconstruits d'une nouvelle manière pour les remodeler et se les réapproprier autrement.

Habile.

Ceci étant dit, je ne me voile pas la face. Pas mal de morceaux, notamment en milieu d'album, sont assez oubliable. "Four Sticks" et "Going To California" par exemple. Et les premières notes de clavier de "Misty Mountain Hop", me font glousser systématiquement. La reprise du riff à la guitare le sauve d'être juste un morceau digne d'un générique des "Zinzins de l'espace"... Bwaha! ... J'en pouffe encore un peu de rire!... Ahem

"Battle Of Evermore", me fatigue un peu... C'est toujours une écoute coûteuse en ce qui me concerne. Les instruments sont en retrait pour laisser la place au chant. Mais le chant ne me transcende pas. Donc ça tombe à côté. Je trouve Robert Plant vraiment en sous régime pour le coup.

Et globalement c'est une critique que je ferait à tout l'album. Beaucoup y voit le "retour" de Led Zep après "l'échec du Troisième" en les opposant. Mais moi j'y vois surtout une continuité. Les problèmes du III y sont encore accentués. Ils n'ont plus l'air seulement de manquer d'inspiration, ils ont l'air... fatigués. Jouant machinalement. Et ça se ressent à l'écoute. Notamment sur les morceaux de milieu d'album cités plus haut. Le chant de Sandy Denny, en guest sur The Battle Of evermore, est bienvenu en ce sens. Mais cela reste un des moments où l'album agit le plus sur ma patience. Surtout que juste après arrive sa "pierre angulaire" qui n'est autre que ce fameux morceau de 8 minutes. Mais venons-en donc.

"Stairway To Heaven".

C'est un bon morceau. Mais genre vraiment. Le réécouter sans appréhension n'a pas été facile. Ce n'est pas de leurs faute bien sur, mais les première notes de ce morceaux... Bah j'en peux plus quoi. Un peu à l'instar d'un jingle de pub de ton enfance que tu aurais trop écouté et qui te reste en tête toute ta vie (MERCUROCHROME LE PANSEMENT DES HÉROS). Bizarrement, tu vas le retenir, mais ce sera pas par nostalgie. Ce n'est pas pour rien que dans certains magasin de gratte, des écriteaux la bannisse purement et simplement. Mais bon. Une petite baffe sur la joue et un commentaire intérieur m'a fait me concentrer de nouveau et... Oui. C'est vraiment bon. De sa durée, pourtant conséquente, le morceau ne m'impatiente pas. A dire vrai, le zeppelin nous a déjà fait monter à bord pour de longs détours ("How Many More Times", "Since I've Been Loving You"...). Mais pas comme ça. Pas avec ces arrangements. Pas avec cette atmosphère Folk, qui, pour ma part, était l'aspect qui descendait la qualité de son prédecesseur, "Led Zeppelin III", dans sa deuxième moitié. Plant est juste. Les enchaînements sont fluides, le solo est magnifique... Qu'en dire de plus... L'amour que les gens porte à ce morceau est mérité.

Mais ce morceau, aussi incroyable soit-il, ne peux pas porter à lui tout seul l'album, qui m'a laissé sur ma faim à beaucoup de moment. Ce IVe opus, aujourd'hui monument du rock, inscrit au panthéon de la musique du XXe siècle, me frustre car c'est l'un de ceux que j'aime le moins du groupe, et c'est pourtant celui qui est le plus acclamé. J'aurais pus l'ignorer et simplement me dire que je n'ai pas aimé un album populaire et bien coté. Mais cet album est une légende. Et une légende se doit d'être digne de sa réputation.

Voilà pourquoi j'entretien avec lui une relation conflictuelle, là où je pourrais me contenter de me dire "eh ben j'aime moins, c'est tout". Ce n'est pas un album de Led Zeppelin que je n'ai pas apprécié. C'est un des plus grands albums de notre époque que je n'ai pas apprécié et qui se trouve accessoirement être un album de Led Zeppelin, un groupe que j'aime énormément.

Je me torture surement trop. Se poser ces questions sont une bonne chose pour garder un certain recul sur tout type d'objet culturel, et relativiser sur la notion du beau, mais comme il s'agit d'un album très populaire, j'ai du vouloir me creuser la tête au point de questionner mes propres goûts. Alors que le trouver médiocre n'enlève pas l'amour que les autres lui porte et ne devrais pas m’empêcher de le dire sans honte. Au contraire, j'aurais du simplement accepter cet album comme il est à mes yeux. Pas mon préféré. Pas un chef-d'oeuvre. Pas un étron. Mais un album avec de bonnes choses qu'il ne faut pas nier.

Oui. C'est, finalement, la seule chose que je puisse faire,

L'accepter comme il est à mes yeux.