Souvenez-vous : « Collaborations don’t work » affirmaient en 2014 Franz Ferdinand et Sparks avant de prouver avec FFS que, si, il y a bien des collaborations entre artistes qui peuvent fonctionner ! Cette année, ce sont nos deux idoles grunge / indie Kurt Vile et Courtney Barnett qui s’y collent, et, à l’écoute – immédiatement plaisante – de Lotta Sea Lice, on aurait presque envie de dire qu’il s’agit là d’un « marriage made in heaven » !


C’est que Barnett et Vile apparaissent tellement sur la même longueur d’ondes que l’album semble l’œuvre d’un véritable groupe : au-delà de l’écriture "collaborative", on y trouve deux reprises "réciproques" de morceaux antérieurs - Peepin’ Tom de Kurt et Outta the Woodwork de Courtney - qui démontrent, par delà le respect évident entre les deux artistes, la logique absolue de ce nouveau duo, aussi bien stylistiquement qu’au niveau de l’inspiration. Prenez par exemple ce : « You got to let it go, before it takes you over » (Let It Go). On y retrouve toute une philosophie de recul, voire de renoncement à la folie du monde, qui ne nous surprendra pas de la part de ces artistes clairement engagés dans un certain désengagement.


La conjugaison des deux guitares électriques et des deux voix, alternativement narquoises et épuisées, se révèle enchanteresse, et Lotta Sea Lice a le charme d’un album terriblement intime. Ou plutôt d’un album qui nous donne l’impression d’être les témoins privilégiés de l’intimité d’un joli petit couple… amoureux ?


On réalise toutefois la limite de l’exercice : Lotta Sea Lice manque de mélodies accrocheuses, Fear is Like a Forest étant sans doute la seule exception notable, ainsi que de passages plus intenses (le « She’s So Easy » final de Outta the Woodwork fonctionne, mais il renvoie clairement au style de Courtney elle-même).


Finalement, même si l’on pourra sans difficulté le ranger dans la liste désormais bien fournie des dignes héritiers du troisième album du Velvet Underground, Lotta Sea Lice tombe dans le travers de l’album "mignon", qui nous ravit mais manque d’aspérités, à la différence du premier album de Courtney qui nous avait au contraire séduit par une certaine rudesse.


Faut-il pour autant souhaiter la fin de cette jolie histoire ? [Critique écrite en 2017]

EricDebarnot
7
Écrit par

Créée

le 8 oct. 2017

Critique lue 548 fois

8 j'aime

1 commentaire

Eric BBYoda

Écrit par

Critique lue 548 fois

8
1

Du même critique

Les Misérables
EricDebarnot
7

Lâcheté et mensonges

Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...

le 29 nov. 2019

204 j'aime

150

1917
EricDebarnot
5

Le travelling de Kapo (slight return), et autres considérations...

Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...

le 15 janv. 2020

190 j'aime

104

Je veux juste en finir
EricDebarnot
9

Scènes de la Vie Familiale

Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...

le 15 sept. 2020

184 j'aime

25