Je dois avouer que j'attendais beaucoup de cet album, tant “Maudits soient les yeux fermés”, le morceau présent sur la bande originale du blockbuster “Taxi” premier du nom m'avait impressionné et conquis. Chiens de Paille s'est imposé à moi par sa distance au monde, sa froide lucidité. La vérité, la vie, n'est ni violente, si simple, ni triste, ni joyeuse. Elle est grise comme les murs qui ceinturent les villes, et laisse juste passer assez d'espoir pour qu'on conserve une part de songes, tout en continuant à marcher le dos courbé. Et malgré ses imperfections, le premier effort des cannois Hal et Sako possède une force hypnotique peu commune dans le milieu hip-hop en général. Il est probable que malgré l'énergie du désespoir distillée dans l'encre de leurs plumes, leurs lettres ouvertes resteront lettres mortes, tant le malaise est palpable dans leurs mots et leur flow. Car l'écoute de “Mille et uns fantômes” nous plonge au cœur de cette réalité, de cette grisaille parfois traversée d'un rayon de soleil qui laisse présager de jours meilleurs. Et peut-être d'une paix de l'esprit à laquelle on ose à peine penser la nuit, seul dans la pénombre, avant de fermer les yeux et d'oublier...en attendant.