Mr. Bungle
7.5
Mr. Bungle

Album de Mr. Bungle (1991)

[...] « Quote Unquote (Travolta) », de par son ambiance vertigineuse et profondément malsaine, se pose un peu comme la découverte de l'orgie finale du film. Celle où ce pauvre mec se retrouve pris par toute cette armada de la secte dans sa quasi-intégralité, où l'on commence à être confronté à ce gros festival de chair latex qui fond et s'entremêle. Ce gros moment de surprise intervenant sans crier gare alors que tout le reste du film auparavant s'était déroulé de manière somme toute convenue et sans réelle exubérance visuelle. Une entrée en matière pour l'album éponyme qui, de la même manière, entortille les boyaux de malaise, et se révèle marquante de par sa singularité. Car au final, même si le malaise ne disparaît jamais spécialement sur le reste de l'album, il se trouve adouci par une touche plus guillerette. Une sorte de cabaret cirquesque, comme le fait Society dans la suite de son final une fois le choc passé. Après tout, comment peut-on prendre des fist dans le cul où les doigts ressortent par la bouche ou l'apparition d'un mec ayant littéralement la tête dans le cul au sérieux ? Certes, c'est dérangeant en terme moral mais les effets d'une autre époque permettant l’exhibition visuelle d'un tel spectacle ne fait que d'autant plus enfoncer le kitsch de la situation. Et en cela, de titre en titre, Mr. Bungle parvient comme à en capturer son essence, afin de présenter, en bon Mr. Loyal sonore matérialisé sous la forme d'une troupe de cirque fanfaronnante de l'étrange, toutes les facettes entremêlées de ce spectacle : décadence aussi grotesque que malsaine rehaussée d'une bonne dose de perversité cradingue mais sachant toujours conserver une grosse part de légèreté guillerette et sautillante. Se permettant même de lorgner parfois vers l'avant-final du film comme sur « The Girls Of Porn » qui aurait parfaitement pu se coller sur la scène nanardesque de la plage.


Bref, les différentes ambiances se collent et/ou se succèdent de la même manière que les styles musicaux explorés. Ce qui donne un disque véritablement fascinant. Car l'on sait que tout n'est pas maîtrisé au sein de cette entité mais on sent pertinemment que ce premier album éponyme arrive à aller bien au-dessus du statut de « petit chimiste en herbe qui mélange tous ses produits de manière hasardeuse ». La personnalité extravagante et singulière de Mr. Bungle est déjà bel et bien là, sous sa forme la plus brute. Et elle marque tellement qu'on peut parler de traumatisme : elle peut se montrer aussi attirante/trippante que répulsive. Et le réécouter aujourd'hui, au lendemain de l'annonce du Hellfest 2018 donne sacrément envie de dire à Mike Patton qui sera là avec Dead Cross de venir avec ses potos Spruance, Dunn & co dans sa valise, histoire qu'ils aillent déloger un peu les Pastors Of Muppets – qu'on apprécie mais qu'on entend un peu trop jusqu'à l’écœurement sur quatre jours au HellCity Square tous les ans – dans un show sauvage et improvisé d'un Mr. Bungle dont la dissolution nous a laissé un bien grand vide au sein de la scène nawak.


La critique entière figure sur Core And Co, n'hésitez pas à aller y faire un tour !

Margoth
10
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le 4 févr. 2018

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Margoth

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4

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